TUNISIE : Deux ouvrières de LATELEC en danger de mort.
En Tunisie, même le simple fait de pouvoir négocier est un combat.
Depuis le jeudi 19 juin 2014, Sonia Jebali et Houda Thalji sont en grève de la faim.
Elles demandent l’ouverture d’une négociation avec la direction de Latelec en vue de discuter des conditions d’une issue honorable au long conflit qui oppose les ouvrières de l’usine de Fouchana à la direction de Latécoère.
En mars dernier, un accord avait été conclu entre la direction de la SEA Latelec et l’UGTT qui avait permis, grâce à l’action vigoureuse de nos camarades de l’UGTT et sous la pression des plus hautes autorités politiques du pays, de réintégrer 5 des 10 syndicalistes licenciées 1 an plus tôt et d’en indemniser une 6ème. Il restait alors à régler le cas des 4 autres jeunes femmes dont les 2 fers de lance du syndicat, celles qui ont mené toutes les luttes : Sonia Jebali et Monia Dridi. L’accord de mars prévoyait qu’une négociation ultérieure aurait à régler leur situation. Mais l’accord de mars, sur ce point comme sur d’autres, n’a pas été respecté par la direction. C’est pourquoi nos camarades tunisiennes ont pris la décision – courageuse et terrible – de mettre leur vie dans la balance.
La direction indifférente au sort de nos 2 jeunes camarades, pourtant en grave danger.
Depuis le mardi 17 juin, la CGT Latécoère, tout juste informée de ce projet de grève de la faim, multiplie les démarches auprès de la direction – Mr Burello d’abord, Mr Blanchard ensuite ainsi que Mr Michelland – afin, d’une part, de l’aviser de l’évolution de l’état de santé des 2 grévistes et, d’autre part, de la convaincre d’ouvrir cette négociation.
Nous croyions avoir été entendus car une 1ère réunion de négociation était prévue vendredi dernier mais l’avocat mandaté par Latelec ne s’y est pas présenté. Au jour où nous écrivons ce texte, aucune nouvelle date n’est, à notre connaissance, arrêtée.
La CGT a peur, la CGT accuse.
Les informations qui nous parviennent quotidiennement de Tunis nous font peur. La santé de Sonia et d’Houda se dégrade rapidement. Sonia a été hospitalisée pendant plusieurs heures pour anémie. Elle a refusé tout traitement puis, aidée de ses nombreux soutiens, a quitté l’hôpital pour rejoindre Houda.
La détermination de nos camarades tunisiennes qui a toujours fait notre admiration, aujourd’hui nous inquiète. C’est parce que nous connaissons leur force que nous redoutons tant de les voir l’exercer contre elles-mêmes.
La CGT Latécoère accuse la direction d’agir contre celles qu’elle a déjà très durement malmenées avec un acharnement insensé. Elles ont été licenciées, elles sont sans aucun revenu depuis plus d’un an, elles n’ont aucune perspective de retrouver un emploi et l’usine de Fouchana a été « débarrassée » de sa base syndicale : n’est-ce pas suffisant !!!???
Il est pourtant une bataille que la direction de Latécoère ne gagnera jamais : celle de l’image. Comment la direction peut-elle ne pas voir que cette négociation que nous lui réclamons est aussi, pour elle, la promesse d’un armistice, la promesse que cette bataille qu’elle ne pourra jamais gagner cesse ?
Dans notre précédent tract sur la Tunisie nous faisions état du fait que nous envisagions de déposer une plainte contre Latécoère devant le point de contact national de l’OCDE. Nous avons pris des contacts et des conseils préparatoires. Notre projet est très possible, très facile et nous n’hésiterons pas une seconde à le mettre à exécution.
Toulouse, le 30 juin 2014
source : FACEBOOK Comité de Soutien aux Luttes du Peuple Tunisien - CSLPT