Et si c’était les marchés qui parlent le langage des mafias ? -Par Jean LÉVY
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« Le Monde » titre sur toute sa page 4 (datée du 21 décembre) : « Les mafias parlent le langage du marché », relatant les propos du procureur national italien anti-mafia et antiterroriste Giovanni Melillo.
Et si la réalité du monde où nous vivons conduisait à inverser les termes du procureur ? Car c'est bien l'économie de marché qui, par ses méthodes et ses objectifs, s'est, au fil des ans, apparentée à ceux de la mafia.
L'objectif des uns et des autres n'est-il pas de dominer des pans entiers de l'économie, du début jusqu'à la fin du processus ?
En éliminant leurs concurrents.
Certes par des moyens différents. Encore que la violence directe de la mafia prend dans l'économie capitaliste des formes légalisées par la loi. Si la mise à mort du concurrent, se fait, pour les uns, se fait à coups de mitraillette, pour les autres, elle se produit à coups de bourse.
Dans les deux cas, les salariés des usines qui changent de mains, paient la note.
Giovanni Mellilo n'a pas tort de signaler que :"Les différentes crises (sanitaire, économique, géopolitique) renforcent le pouvoir de ces groupes criminels toujours plus connectés à l'économie réelle et aux échanges internationaux".
Et de poursuivre :
"Il s'agit (les mafias) d'une composante illégale mais véritablement structurelle du tissu économique et social (...) Ce qui distingue les organisations mafieuses des autres acteurs économiques, c'est leur capacité à transformer la violence en richesse, en l'utilisant pour accumuler du capital qui leur permet de devenir de gigantesques hubs de services, illégaux mais aussi légaux".
Et le procureur d'illustrer ses propos :
"D'une part, il y a le trafic de drogue et, d'autre part, des activités légales comme la gestion des déchets, assurée dans des conditions illégales (...) Les mafias ne parlent plus du langage du crime, mais celui du marché".
Un mafieux affirme même :
"Je gagne beaucoup plus en faisant des fausses factures qu'avec la drogue"
Et le procureur de conclure :
"Le principal langage des organisations mafieuses est la corruption et la fraude fiscale."
A l'écoute du quotidien dans le monde des affaires et de la politique, ne serait-ce pas là, avec la mafia, un autre point commun ?
JEAN LÉVY
Notre ami Jean Lévy prend deux jours de repos bien mérités, nous retrouverons donc sa chronique lundi 26 décembre.