La nostalgie des années « Pif le chien »
Glop glop, les années Pif gadget !
Le 5 juin 2013, le «rédac’chef» du Pif Gadget des grandes années, Richard Medioni, était au Blanc-Mesnil pour présenter son dernier ouvrage.
Les pois sauteurs, les Pifises, un vrai sapin… Mais aussi Rahan, Dr. Justice, Dicentim, Pifou, Placid et Muzo, le Concombre masqué, Corto Maltese… Entre les gadgets et les BD cultes, qu’est-ce qui reste le plus dans les mémoires ?
Pour les anciens lecteurs, que je rencontre assez souvent, ce qui reste c’est… Pif Gadget ! Ils se souviennent d’un ensemble cohérent, avec les gadgets qui les ont le plus marqués, les BD qui les faisaient rire et rêver, et des valeurs généreuses omniprésentes dans les séries réalistes. Ils se souviennent aussi que le journal était lu par toute la famille, ce qui le distinguait des autres hebdos…
Vous avez participé au lancement de Pif Gadget, en 1969, avant d’en devenir rédac’ chef (celui qu’on voit dans les gags de Gai-Luron de Gotlib) jusqu’en 1973. Qu’est-ce que ce magazine apportait alors de nouveau ?
Beaucoup de choses. Depuis toujours, les hebdos de bandes dessinées présentaient des histoires «à suivre» au rythme d’une ou deux pages par semaine. Le lecteur devait parfois attendre un an avant d’en découvrir la fin ! Nous avons donc imaginé que ce ne serait plus l’histoire qui serait à suivre, mais le héros. Le journal, contrairement à Pilote, Mickey, Tintin ou Spirou, ne comportait donc que des histoires complètes. Autre nouveauté, un «Journal des jeux» de seize pages, alors que la place qui leur était réservée habituellement était celle d’un «bouche-trou». Enfin, il y avait le fameux gadget hebdomadaire qui était alors une nouveauté mondiale ! Cette recette a permis à des millions de jeunes lecteurs de découvrir notre journal et, par la même occasion, des histoires d’une qualité exceptionnelle et que l’on ne trouvait nulle part ailleurs.
Pourquoi les premières années de parution de Pif Gadget sont-elles surnommées «la période rouge» ? C’est politique ?
Et non ! En fait, ce sont les collectionneurs qui ont baptisé ainsi les 239 premiers numéros de Pif Gadget. Cela fait référence au large bandeau rouge sur lequel était inscrit le titre. Cette «période rouge» correspond à l’âge d’or du journal, caractérisé par des créations exceptionnelles et une diffusion de 600 000 exemplaires par semaine, avec des pointes à 1 million.
Votre dernier ouvrage (*) retrace l’histoire des journaux pour enfants liés au mouvement ouvrier et progressiste. Vous remontez jusqu’en 1901 !
Je n’ai appris l’existence du premier journal de ce type, Jean-Pierre, qu’il y a trois ans. Et c’est tout récemment que j’ai pu saisir toute la richesse du précurseur de Vaillant, le mensuel Mon Camarade, paru entre 1933 et 1939. À leur tour, c'est aux lecteurs de découvrir dans sa continuité cette histoire qui commence en 1901 et s’achève avec le siècle.
Qu’est-ce qui caractérise cette presse ?
Ses dirigeants avaient certains points communs. Ils étaient la plupart du temps engagés dans le mouvement ouvrier, syndical ou politique, beaucoup aussi étaient enseignants. Ils souhaitaient donner aux enfants des milieux sociaux les plus modestes la possibilité de lire des histoires de qualité, tant sur le plan narratif que graphique, de leur donner le goût de cette qualité et de l’innovation. Leur but était également de diffuser des valeurs généreuses comme la solidarité, le respect de l’autre, l’attachement à la liberté, la confiance en l’avenir…
(*) Mon camarade, Vaillant, Pif Gadget. L’histoire complète, 1901-1994. 560 pages, 1 150 illustrations, 39 euros. Éditions Vaillant Collector. En vente dans toutes les bonnes librairies et sur www.vaillant-collector.com
Lu sur le site Le Journal interactif du Blanc-Mesnil