Les cartes en main
Le premier tour des législatives approchant, les sondages fleurissent comme les pâquerettes au printemps. Si la gauche parlementaire arriverait en tête, la droite la plus large devrait la devancer. Certes, celle-ci serait composée de l’UMP et du Front National, mais rien, depuis la présidentielle, ne permet aujourd’hui d’éluder cette hypothèse, tant Nicolas Sarkozy a flirté avec les idées de Marine Le Pen.
Cependant, les Français souhaitent très clairement une majorité de gauche et rejettent toute idée de cohabitation. L’élection du Président de la République est passée par là, mais François Hollande ne pourra plus se contenter de battre la droite. Il lui faudra une majorité confortable pour mener à bien son programme. Or, aucun sondage ne prédit une vague rose, sans doute parce que les électeurs n’ont pas senti le vent du socialisme comme avait su le lever François Mitterrand en 1981.
Le Parti socialiste, déjà affaibli par 51 candidatures dissidentes, pourra une nouvelle fois faire le coup du vote utile pour tendre vers cette majorité indispensable. Mais avec les dépôts de bilan qui s’amoncellent à l’horizon, les urgences européennes et la crise, le gouvernement ne devrait pas avoir assez de temps pour répondre aux attentes.
Il ne lui reste que deux possibilités. La première serait de convaincre les partenaires sociaux en augmentant fortement le SMIC et les bas salaires. La seconde serait de s’appuyer sur le Front de gauche qui détiendra la clef de la majorité à l’Assemblée nationale. Là encore, le vote de ses députés ne sera acquis que sur un programme et une ambition réellement antilibérale, preuve que le vote utile n’est pas dans les caciques du Parti socialiste mais chez celles et ceux qui peuvent influer l’action gouvermentale.
Thierry SPRIET
Editorial de L’ECHO
Mercredi 30 mai 2012