Ce combat de longue haleine posant les questions fondamentales de la propriété capitaliste et de l’État des monopoles constitue avec la lutte idéologique et politique, les travaux pratiques du combat révolutionnaire pour le renversement du capitalisme et l’instauration du socialisme.
Luttes pour les salaires
La revendication centrale et unifiante soutenue par l’URCF est d’exiger le SMIC à 1650 euros nets, l’augmentation générale des salaires et des pensions de 300 euros nets mensuels. A chaque militant et travailleur de faire grandir cette double exigence dans sa section syndicale et dans sa confédération. La question des salaires est un des axes centraux des luttes dans lesquelles s’impliquent les militants de l’URCF. La revendication d’une augmentation de 300 euros pour tous, est popularisée par le mouvement ouvrier et repris par de nombreux ouvriers en lutte, en particulier dans le secteur privé.
Alors que les grands PDG s’octroient des salaires et des indemnités de départ inimaginables supérieurs à plusieurs millions d’euros, que les profits des entreprises du Cac 40 ont doublé en 2010 et explosés en 2011 et 2012, les salaires sont loin de rattraper les hausses du coût de la vie liées précisément à l’augmentation des profits et aux conséquences du passage à la monnaie unique. Les prix de l’énergie s’envolent, la privatisation d’EDF-GDF devant induire des hausses beaucoup plus élevées afin de rémunérer les actionnaires ; ceux des loyers, pour lesquels les familles consacrent souvent la moitié de leurs revenus, ont augmenté d’environ 4% par an alors que 5 Millions de personnes sont officiellement mal logés ou sans toit.
Un salarié sur six est payé au SMIC, tandis que de nombreux travailleurs jeunes, stagiaires, à temps partiel, vivent avec à peine 600 euros par mois, un jeune sur 2 étant soit au chômage soit en CDD. La baisse du pouvoir d’achat depuis 2000 est estimée à plus de 10%..
Bien entendu, la faiblesse des salaires entraîne une insuffisance des prestations sociales (salaires indirects), une baisse du pouvoir d’achat des retraités et des privés d’emploi, toujours plus nombreux.
Les travailleurs doivent unifier les luttes pour augmenter la part des salaires dans la richesse qu’ils créent.
L’URCF revendique le smic à 1650 euros net, l’augmentation de 300 euros pour tous, tout en liant la lutte pour les revendications immédiates, indispensable et incontournable, à la dénonciation générale des fondements du capitalisme jusqu’à son renversement. Sous le socialisme, la plus-value produite servira directement à satisfaire les besoins sociaux (y compris par la hausse des rémunérations) et à développer l’économie planifiée démocratiquement au service des travailleurs collectivement propriétaires des machines, usines, banques et terres.
Aucune lutte pour les salaires n’est remontée de nos correspondants ouvriers.
Luttes pour l’emploi
Le mot d’ordre URCF immédiat de nationalisation sans indemnités des monopoles et entreprises casseurs d’emploi doit devenir le bien commun du mouvement populaire ; mot d’ordre qui nécessitera des luttes de classes de grande ampleur qui poseront la question du bris de l’Etat bourgeois. L’urgence du moment est de sauver nos emplois par la lutte. Autour de chaque usine, entreprise, service public fermés, formons des comités populaires de luttes locaux avec tous ceux qui pâtiront de la perte d’activité, forgeons les solidarités de classe décisives qui créeront un rapport de force supérieur obligeant le capital à céder sur nos revendications.
Pour sauver nos emplois, nos axes de luttes sont :
Plan national de luttes contre le chômage.
Interdiction des licenciements.
Suppression des CDD par la généralisation des emplois en CDI.
Les revenus des privés d’emplois (« chômeurs ») devront être revalorisés, avant l’interdiction des licenciements, il est nécessaire que les indemnités en cas de licenciements se montent à 90 % du salaire.
Nationalisation sans indemnités des entreprises casseuses d’emploi avec contrôle ouvrier et création de vastes pôles de services publics (banques et crédit, logement, santé, Energie, transport, agro-alimentaire, Education,-Recherche-Culture-Communication-Poste).
Sur notre site internet urcf.fr vous pourrez trouver une analyse communiste-révolutionnaire détaillée du mot d’ordre tactique de nationalisation sans indemnités et avec contrôle ouvrier.
PSA d’Aulnay
La grève à l’usine PSA d’Aulnay, commencée le 16 janvier, continue. Environ 300 travailleurs déterminés bloquent la production, en réaction à la fermeture annoncée de l’usine en 2014. De tous côtés se manifeste dans la population et parmi les travailleurs la solidarité: meetings de soutien, collectes financières, manifestations contre les licenciements…
Le 14, une centaine de travailleurs de l’usine PSA d’Aulnay ont manifesté à proximité de l’Elysée pour dénoncer l’accord sur le « plan de sauvegarde de l’emploi » (c’est comme cela que la bourgeoisie appelle maintenant ses plans de licenciements) signé depuis par la CFDT, et réclamer la nomination d’un médiateur.
La CGT dénonce à juste titre « un accord de honte ». Une délégation a été reçue par Michel Yahiel, conseiller « social » de Hollande. Pour Jean-Pierre Mercier, cette revendication d’un médiateur a pour objectif de « rouvrir le dossier de la fermeture, continuer les négociations sur les conditions de la fermeture » de l’usine d’Aulnay. Il est certes important de se préoccuper dès maintenant du devenir des travailleurs au cas où la lutte contre la fermeture ne serait pas victorieuse. Mais pour l’URCF, comme pour les camarades de SUD et de nombreux travailleurs à la base, la tâche du moment est d’empêcher la fermeture du site d’Aulnay. Cela n’est possible que si les travailleurs de tous les groupes monopolistes qui détruisent les emplois et désindustrialisent le pays font leur le mot d’ordre de nationalisation sans indemnité et sous contrôle ouvrier. Ils rencontreront alors la solidarité active de toute la population travailleuse, notamment des milliers de signataires de la pétition lancée par l’URCF. Cela donnera une perspective claire plus concrète, plus à la portée des travailleurs et plus conforme à leurs intérêts que la seule lutte pour des reclassements ou le seul terrain légal et juridique.
En ce qui concerne le médiateur, qui prendra immanquablement le parti de la direction, comme Montebourg, il servira avant tout de pompier pour éteindre la lutte, comme l’a dit le ministre du Travail Sapin à propos de la mission du Directeur du Travail de la Seine-Saint-Denis, Marc Leray: « favoriser le retour au calme et le rétablissement du dialogue ».
D’ailleurs, le lendemain, deux ouvriers grévistes recevaient une lettre de licenciement pour « faute lourde ». Loin d’intimider les travailleurs, la répression et les manoeuvres de provocation de la direction (voir luttes de janvier) renforcent leur combativité et devraient être de nature à faire tomber bien des illusions sur l’Etat et le « dialogue social » entretenues par les partis de « gauche ».
Le 22, plus de 200 salariés de l’usine PSA d'Aulnay ont organisé une opération péage gratuit sur l’autoroute A10.
« L’ambiance est chaleureuse, les automobilistes nous soutiennent financièrement, ils nous encouragent, cela montre que bien que notre grève est populaire », a déclaré Jean-Pierre Mercier.
Le 28 février a eu lieu à l’Université Paris 8 à Saint-Denis une soirée de solidarité organisée par un collectif d’étudiants. L’URCF y était présente avec la pétition pour exiger la nationalisation sans indemnité sous contrôle ouvrier de PSA. Si aucun débat n’était prévu, nous avons tout de même pu discuter avec les délégués présents (CGT et SUD). Si ces deux syndicats font preuve d’une grande détermination pour poursuivre la lutte, il y a une incompréhension sur la nécessité urgente de donner aux travailleurs une perspective politique. L’obstacle vient évidemment du verrouillage de la bureaucratie et d’organisations dites d’extrême gauche qui en restent à une pratique anarcho-syndicaliste, tandis qu’à l’extérieur les partis dits de gauche jouent le rôle de bureaux de bienfaisance en évitant toute perspective politique qui remettrait en cause le système capitaliste.
Goodyear France
Le 10 février, des travailleurs des usines de Goodyear, PSA, ArcelorMittal, Sanofi… ont manifesté devant le siège social de Goodyear France, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), où se tenait un Comité d’Entreprise consacré à la fermeture du site site d’Amiens Nord, (1.173 emplois). Les travailleurs ont rappelé la promesse de Hollande sur l’interdiction des « licenciements boursiers ». Des militants de l’URCF distribuaient le tract généralisant le mot d’ordre de nationalisation sans indemnités à toutes les entreprises monopolistes qui licencient (quel que soit le motif, « boursier » ou non) et appelant à participer à la réunion du 20 avril à l’AGECA.
Depuis, la proposition qu’une moitié de l’usine d’Amiens soit reprise sous forme de SCOP a été lancée. Nous y voyons une volonté chez les travailleurs de prendre le contrôle de l’outil de production, mais nous pouvons leur dire avec certitude que cette solution n’a aucune chance de tenir face à la concurrence du capital monopoliste (tous les exemples de coopératives de ce type où les travailleurs organisaient leur propre exploitation, ont fini par la liquidation pure et simple, de LIP à Manufrance, ou à la reprise par les gros monopoles, comme la Verrerie Ouvrière d’Albi, fondée par Jaurès et dont la devise était « travail, capital, talent » (!), et qui appartient aujourd’hui à Verrallia, filiale de Saint-Gobain). De plus, les travailleurs « coopératifs » hériteraient de la dette laissée par Goodyear et s’éloigneraient de la perspective du collectivisme que permet la nationalisation dans la perspective de la lutte pour une économie socialiste planifiée où les ouvriers auront le pouvoir.
ArcelorMittal de Florange (Moselle).
La direction a confirmé l'arrêt de deux tours de chauffe sur les trois du haut fourneau P3.
Le 3e cowper du P3, en revanche, serait maintenu en chauffe jusqu'à la fin de la procédure d'information" prévue par l'accord entre Mittal et le gouvernement, et qui se termine au plus tôt le 12 avril.
Concernant l'autre haut fourneau de Florange, le P6, la direction patronale a assuré que ses cowpers "seront maintenus en activité jusqu'à la fin de la procédure légale".
"ArcelorMittal veut montrer à l'Etat qu'il y a un danger pour le personnel du fait de la défectuosité des cowpers, et ainsi que l'Etat donne son feu vert pour arrêter le troisième", a expliqué à l'AFP Edouard Martin.
L'accord bidon de Matignon qui n’est qu’un accord d’accompagnement de la liquidation de l’usine, signé par ArcelorMittal et Jean-Marc Ayrault en novembre dernier, disposait que les outils devaient être maintenus en état jusqu'à l'issue de la procédure d'information.
"Si d'ici la fin de la procédure légale, le gouvernement « en avait marre » d'ArcelorMittal et voulait reprendre l'outil dans le cadre d'une nationalisation provisoire, alors plus personne ne voudrait racheter ces hauts fourneaux, puisqu'ArcelorMittal a organisé leur sabotage", a expliqué Edouard Martin de la CFDT.
Si les cowpers ne sont pas maintenus en chauffe, c'est clairement la mort du P3, qui ne pourra plus jamais redémarrer alors même que la dégradation des cowpers qui justifie leur arrêt est due à la direction d'ArcelorMittal "qui aurait utilisé du gaz de cokerie, qui est trop corrosif, trop agressif, ce qui a détérioré les tours de chauffe, alors que les cowpers doivent normalement être chauffés avec du gaz naturel".
La direction a par ailleurs indiqué vendredi 22 février, selon les syndicats, que la remise en l'état des cowpers coûterait 10 millions d'euros par tour de chauffe.
Les cowpers sont des fours à air chaud utilisés pour chauffer les hauts fourneaux. Ils sont alimentés par les propres gaz des hauts fourneaux, lorsque ceux-ci sont en fonctionnement. Mais, à Florange, les deux hauts fourneaux P3 et P6, les derniers en Lorraine, sont à l'arrêt et les cowpers doivent alors être alimentés avec du gaz naturel.
Après 14 mois de lutte des salariés de Florange, le groupe ArcelorMittal avait conclu fin novembre un accord avec le gouvernement PS, toujours contesté par les syndicats. C’est maintenant que doit s’amplifier la lutte avec un mot d’ordre, clair et porteur, de nationalisation sans indemnités et avec contrôle ouvrier d’Arcelor_Mittal. C’est un front de tous les travailleurs qui doit se constituer: ceux de l’ensemble d’Arcelor puis de la sidérurgie (22 000 et 75 000 en France). Répondre aux besoins populaires matériels, scientifiques et sociaux, nécessite une maîtrise de haut niveau et une forte production de la sidérurgie / métallurgie. Ce sont tous les sites de Mittal qui doivent être nationalisés afin d’empêcher la liquidation de ce qui reste de la sidérurgie en France. En Belgique, ArcelorMittal a annoncé la fermeture de plusieurs outils de la phase à froid dans la région de Liège détruisant 1300 emplois, et 790 sur la phase à chaud dont la fermeture a été annoncée en 2011. Les syndicats ont appelé à la grève sur l’ensemble des sites du groupe à Liège et exigent la nationalisation des outils pour relancer une sidérurgie intégrée. Pour la FGTB, "il faut d’urgence jeter le groupe ArcelorMittal hors de Liège".
L'unité de lutte des travailleurs dans tous les pays sera déterminante.
Un ouvrier Arcelor de Fos sur mer a lancé aux militants URCF : « oui c’est ça la solution immédiate : par la lutte, sauver les emplois avec la nationalisation pour mieux s’attaquer à l’Etat capitaliste lui-même ! ».
En une heure, près de 100 pétitions pour la nationalisation sans indemnités et avec contrôle ouvrier ont été récoltées à ARCELOR Fos sur mer.
L’URCF continue et étend sa campagne pour la nationalisation sans indemnité et sous contrôle ouvrier des entreprises monopolistes qui cassent les emplois. Elle rencontre auprès des travailleurs de Sanofi, Goodyear, Arcelor ... un intérêt croissant car elle correspond à leurs intérêts de classe en leur apportant une solution concrète pour le maintien de l’emploi, de l’outil industriel dans le pays. A PSA, cette revendication commence même à être discutée dans le syndicat, du moins à SUD. Il n’en va pas de même en ce qui concerne les nombreux groupes trotskistes qui nous accusent de brûler les étapes, accusation très piquante quand on connaît l’incapacité historique du trotskysme à différencier les étapes de la révolution (démocratique bourgeoise, national-démocratique anti-impérialiste dans les pays dominés, puis socialiste). L’unité de lutte entre les travailleurs des différentes entreprises menacées de fermetures ne peut pas se faire sur la revendication de reclassements et d’indemnités de départ. C’est ce qu’ont compris notamment les travailleurs de Sanofi avec lesquels nous avons discuté à la manifestation devant le ministère du Travail à Paris. Elle doit être cimentée dans une mobilisation contre la désindustrialisation du pays, pour l’appropriation collective des moyens de production, le capitalisme étant incapable de surmonter sa crise et de préserver l’emploi. Elle peut donner dans ce cas un appui solide au mot d’ordre d’interdiction des licenciements. La lutte continue pour la nationalisation sans indemnité et pour la satisfaction des besoins populaires devra poser la question du bris de l’Etat bourgeois subordonné dans un mécanisme unique, aux monopoles capitalistes et à son oligarchie financière.
La crise générale du capitalisme confirme pleinement les enseignements du marxisme-léninisme. Ce mode de production, plus que jamais pourrissant et parasitaire, s’avère incapable de satisfaire les besoins même élémentaires de l’humanité ; il doit être détruit par une révolution qui permette de continuer le progrès social, de conquérir une démocratie véritablement populaire et d’assurer ainsi les libertés démocratiques. Seul le socialisme est la réponse d’avenir à la barbarie capitaliste, à sa gabegie mondiale.
Mais il y a loin de la nécessité à la réalité.
La destruction du PCF comme parti ouvrier, réellement communiste et révolutionnaire, par l’opportunisme et le révisionnisme soutenus par le capital, celle de la CGT comme centrale nationale de lutte de classes, continuent d’opérer leurs méfaits, alors que la reconstruction de ces mêmes organisations retarde sur les besoins objectifs.
En analysant les luttes actuelles, on mesure combien, sans organisations révolutionnaires politique et syndicale, l’hétérogénéité du mouvement ouvrier et gréviste est grande, combien le recours amplifié aux solutions individuelles et l’absence de revendications centrales unifiantes conduisent à l’éclatement de luttes isolées (et maintenues dans l’isolement par les bureaucraties d’aménagement du capitalisme). Luttes isolées qui peuvent difficilement être victorieuses.
Notre solidarité communiste doit s’exercer à l’égard de ces travailleurs, laissés à leur propre lutte, qui font preuve d’une courageuse combativité à l’heure où les directions confédérales prônent la résignation et la soumission à l’« ordre social » existant sur le mode « pas de politique ! ».