51ème Congrès de la CGT [Marseille-18-22 avril 2016): VU et ENTENDU mardi 19 avril
La journée a été marquée par le vote sur le rapport d'activité et le rapport financier et ponctuée par les nombreuses interventions des délégués.
Sur le rapport d'activité le vote exprime bien sûr la réprobation sur ce qui s'est passé au moment de l'affaire Lepaon et l'exigence militante de la plus grande rigueur et de la plus grande transparence en matière de gestion des deniers de l'organisation.
Sans doute s'exprime aussi comme on a pu le constater l'exigence du respect de la démocratie et de participation par exemple dans les protestations à l'égard de la décision de la présidence du congrès d'organiser le vote alors qu'il restait encore 25 inscrits devant prendre la parole.
LE VOTE DU RAPPORT D'ACTIVITÉ
583 943 mandats représentés, il y a eu 501 704 suffrages exprimés
abstentions : 14,1%
contre : 31,3 %
pour : 68,7 %
Si l’on réintègre les abstentions dans les suffrages exprimés le pourcentage de « pour » tombe à 58,9 % avec 26,9 % de « contre ».
C'est donc dire la vigilance dont les militants font preuve décidés à ce que ne se reproduise plus une situation qui donnent aux ennemis de classe de la CGT l'occasion de l'affaiblir et de discréditer l'action syndicale.
Plusieurs interventions évoquent la nécessité de la grève reconductible pour parvenir au retrait de la loi travail (délégué de Seine Maritime, Julien, Gérald de l'UD du 76, le camarade de Cap Gemini) Christian Renard de la construction Paris insistant sur le fait que l'attaque de Cambadelis contre la CGT exprime la peur que le pouvoir a d'une CGT fer de lance de la mobilisation unitaire et qu'en conséquence l'appel à l'action reconductible soit au centre deu texte d'actualité qui doit être voté par le congrés.
Le délégué des Ports et docks de Marseille souligne la nécessité de s'émanciper des syndicats réformistes et annonce l'appel ferme à la grève pour le 28 avril.
Autre thème fréquement abordé : le "syndicalisme rassemblé" dont plusieurs délégués demande l'abandon comme c'et le cas de la représentante des organismes sociaux des Bouches du Rhône, d'Olivier de la fédération des finances soulignant que c'est des revendications élaborées avec les salariés qu'il faut d'abord partir.
Le rapporteur de la commission sur le rapport d'activité s'est efforcé de répondre globalement aux critiques exprimées dans la salle :
Sur le syndicalisme rassemblé l'argumentation semble courte et défensive mais il est vrai que la direction confédérale après avoir affirmé son attachement viscéral audit syndicalisme rassemblé peine à admettre qu'il s'agit d'une impasse. Le rapporteur estime en quelque sorte qu'il s'agit d'un faux débat (d'un « faux procès »?) rejetant la distinction entre syndicats contestataires et syndicats réformistes et considérant que le critère distinctif réside en fait entre ceux qui veulent rassembler et ceux qui donc divisent. Ajoutant que c'est la même démarche qui guide la direction dans les contacts internationaux et européens.
En oubliant de dire à ce sujet que pliant aux injonctions de la CSI et de la CES interdiction de prendre langue avec la Fédération Syndicale Mondiale regroupant pourtant plusieurs dizaines de millions d'adhérents. il ne faut pas exagérer, l'ouverture proclamée ça a des limites!
Concernant les luttes le rapporteur souligne que c'est la première fois depuis 60 ans qu'un important mouvement se manifeste contre un gouvernement dit de "gauche" et justifie l'attitude confédérale dans la démarche choisie et les initiatives d'action qu'il fait remonter l'appel à une action interpro dès septembre 2012.
Dans la discussion sur le rapport financier qui sera adopté on retiendra l'intervention d'un camarade qui s'inquiète de la structure du financement de l'organisation abondée seulement pour moitié par les cotisations, l'autre moitié dépendant de financements autres (publicité, paritarisme, institutionnel), cette situation n'étant pas de nature à assurer la pleine indépendance syndicale.La réponse de la rapporteuse de la commission disant en matière de publicité disant préférer que l'argent des entreprises finance notre presse plutôt que celle du patronat déclenchant une vive réaction de la salle.
S'engage ensuite à partir de l'introduction de la responsable confédérale Marie Saavedra le débat sur le document d'orientation.
Dans cette introduction il s'agit aussi de justifier les choix d'orientation de la direction sortante :
La CGT pas seulement de contestation mais de proposition
La CGT doit s'adapter au salariat d'aujourd'hui
Notre rapport au politique et aux autres orgas : l'unité des orgas est une nécessité
un syndicalisme qui rassemble est la clé du succès
l'importance du monde associatif et les enjeux sociétaux
remarque sur le fait que la place dans syndicalisme européen et mondial est rarement évoquée et réservée à des "experts"
réaffirmation solidarité internationaliste
La démarche de visite aux syndicats et aux syndiqués est fortement appréciée et ces rencontres ont joué un rôle dans l'élaboration des documents du congrès.
902 amendements sur le texte d'orientation ont été déposés et 54 retenus.
Les premiers intervenants sont soucieux de pouvoir défendre précisément les amendements qui n'ont pas été retenus.
Alain Roques de l'INRA remarque que la politique gouvernementale n'est pas caractérisée dans le préambule du document et propose que sur les amendements clés soient soumis à un vote séparé, la pratique des votes d'ensembles des documents ayant été largement utilisée dans les congrés antérieurs pour contourner l'appéciation des militants sur les questions dérangeantes.
La souveraineté du congrés étant évoquée n'ayant pas à être confisquée fusse par le bureau du congrés qui dirige les débats comme le dit à sa façon Sabine de pôle emploi Ile de France.
Pierrik des cheminots de Perpignan sur la réforme des structures s'inquiète du rôle des comités régionaux et du danger de s'éloigner des lieux de proximité et d'impulsion des salariés.
Marie-Hélène du centre commercial de Lyon La Part Dieu (3000 salariés, de très nombreuses enseignes) fait état de sa riche expérience d'un syndicat de site avec par exemple l'élection de délégués de site imposée à la direction du centre. elle se déclare par ailleurs choquée de l'invitation au congrés de représentants de la CFDT et du parti socialiste en considérant qu'il s'agit d'une maladresse des organisateurs en proclamant sous les applaudissements que la CGT n'est pas un syndicat d'accompagnement et de compromis.
Les autres interventions concernent la dénonciation de la mise en concurrence des salariés et la revendication de l'égalité des droits quels que soient les salariés concernés, la nécessité de l'éducation populaire pour lutter contre le fatalisme, la propagande des grands médias à propriété concentrée, sur la carte syndicale permanente, sur la faible syndicalisation des retraités (0,85% sur une population de 13 millions, sur la situation de précarité, la nécessité d'un service juridique national.
Le jeune Julien fortement approuvé par la salle harangue les délégués : "le congres ne peut pas se situer hors solidarité" insistant sur le fait qu'une perspective doit être donnée au mouvement social et que le congrés ne doit pas être dépossédé de la stratégie à propos de la lutte engagée consistant à reporter à jeudi toute décision, APRES le vote d'orientation notamment.
Francine Blanche qui dirige le débat appelle Julien à terminer son intervention mais on entend un sourd grondement de désapprobation dans la salle qui vaut approbation des propos tenus et souhait que l'intervenant puisse aller au bout de son propos.
Le débat sur l'orientation se poursuit et nous y reviendrons donc.
SOURCE:
Congrès : Notes du mardi 19 avril :
Après les applaudissements d’usages aux nouveaux invités présents (Solidaires et UNEF mais l’arrivée d’un représentant du PCF n’est toujours pas anoncée), le bureau du congrès donne les réponses attendues :
Oui il y aura une résolution d’actualité mais pas de commission : c’est le bureau du congrès qui la présentera.
Non la commission candidature ne sera pas ouverte aux délégués puisqu’elle est déjà « ouverte » à plusieurs organisations du CCN (!). La fédération des organismes sociaux proteste.
Oui le vote du rapport financier sera par mandat et pas à main levée.
Le congrès entre alors dans le dur avec la présentation du rapport d’activité, un chef d’oeuvre de langue de bois... Des interventions marquantes sont ovationnées par la salle :
Spectacle, Michelin Haute-Loire, Cap-Gemini, Journalistes... disent que l’analyse des problèmes de fonctionnement n’est pas suffisante ou se plaignent de voir leur activité oubliée. Qui a profité des sur-facturations dans l’affaire Lepaon martèle le SNJ ?
Les réponses de la direction confédérale sont pauvrettes et le rapporteur se fait hué par la salle en finissant par un appel à voter pour le rapport d’activité au prétexte que Gattaz a dit du mal de la CGT dans Le Figaro !
Résultats du vote comme un couperet :
Abstentions : 14% ; Contre 31% ; Pour 68%.
L’après-midi reprend sur le rapport financier, rapport du Cogétise et de la CFC. Des chiffres sont donnés sur la baisse des effectifs, la baisse chaque année des nouvelles adhésions étant une préoccupation inquiétante : 12 800 en 2012 à 10 987 en 2015. 2016 étant mieux parti avec déjà 11 078 adhésions nouvelles.
Un délégué de la Ferc se fait applaudir particulièrement en pointant du doigt le financement à 50% seulement de la CGT par les cotisations ce qui est un risque réel pour l’indépendance politique de la CGT et il dénonce fortement les partenariats. Un immense salon des partenaires est en effet actif pendant le congrès et à côté des mutuelles et cabinets d’experts on trouve même un stand Dassault qui expose une maquette géante du « Rafale »...
De façon surprenante le rapport de la Commission de contrôle n’évoque même pas les « problèmes Lepaon ». Quand aux sur-facturations « on » recherche toujours qui pourrait bien en avoir bénéficié !
Résultat du vote :
Abst : 12% ; Contre : 27% ; Pour : 72%
Mais c’est sur le débat des documents d’orientations que la salle devait s’enflammer. Le rapporteur annonce que 59 amendements sont intégrés mais les documents ne sont pas distribués : personne ne sait si son amendement est retenu ou pas... Impossible de débattre ainsi (la présidence en convient). Des délégués interviennent pour raconter ce qu’ils font dans leur entreprise ou secteur. Ce vécu est souvent intéressant mais ne fait guère avancé les termes du débat. Les documents sont finalement distribués mais le débat se déporte progressivement vers un débat d’actualité. Plusieurs délégués sont véritablement ovationnés en évoquant sous différentes formes la nécessité d’un appel clair à la grève générale reconductible. Standing ovation même pour un délégué de Rouen avec une salle debout qui chante « tous ensemble, tous ensemble, grève générale » !
SOURCE: