Le maire (LR) de Poissy (78), soutien d'Alain Juppé, a écrit aux 45 médecins du secteur pour qu'ils lèvent le pied sur les arrêts de travail des agents municipaux !
Après s'être attaqué il y a deux semaines au « sureffectif municipal » en lançant un plan de départs volontaires, Karl Olive, maire (les Républicains) de Poissy (Yvelines), surprend à nouveau en s'en prenant frontalement à l'absentéisme des agents, sollicitant au passage l'aide des médecins.
« Chers Docteurs, écrit-il dans un courrier du 25 mars adressé à 45 généralistes du secteur [...], il en va de ma responsabilité de vous sensibiliser davantage à l'impact des arrêts de travail sur la collectivité. [...] Je vous invite donc à faire preuve d'une vigilance accrue. » Le maire invite même le praticien à orienter l'agent — qui est également le patient — vers le service municipal de prévention, permettant ainsi de résoudre le problème à l'origine de la consultation de l'agent. En conclusion, Karl Olive dit qu'il « compte sur la collaboration » des médecins.
Stupeur de certains destinataires, dont le docteur Christian Lehmann : « C'est comme si Pierre Gattaz écrivait à tous les médecins de France pour leur demander de réduire les arrêts de travail. On rêve ! C'est une atteinte à notre indépendance. S'il y a trop d'arrêts à la mairie, l'employeur qu'est M. Olive doit d'abord s'interroger sur les conditions de travail de ses agents. La baisse des dotations impacte peut-être trop l'organisation du travail... »
Seize médecins ont signé une lettre de protestation
En réponse à la missive du maire, comme quinze autres destinataires du courrier municipal, le docteur Lehmann a signé une lettre-pétition de protestation. Sûr de son fait, le maire, élu en 2014, enfonce le clou : « Les arrêts de travail coûtent 2 Millions d'euros à la collectivité ! » lâche-t-il, avant de convenir qu'ils sont pris en charge par l'Assurance maladie. « A la mairie de Poissy, la moyenne est de 22 jours d'arrêt de travail par an par agent, contre 11 jours dans les entreprises privées », poursuit-il, avant de pester contre la suppression, en janvier 2014, du jour de carence pour maladie « qui s'est traduit aussitôt par une hausse de 20 % des arrêts en marie ». Des arrêts qui obligent à recourir aux heures supplémentaires : 500 000 euros en 2015.
Karl Olive justifie son courrier en assurant que des personnels auxquels un congé avait été refusé, « ont aussitôt obtenu un arrêt de travail. Une agente à laquelle un congé-formation n'avait pu être accordé s'est ainsi vue prescrire un repos d'une semaine par mois, pendant un an », explique-t-il agacé.
Le maire, qui fait décidément feu de tout bois pour tenir un budget peau de chagrin, a par ailleurs écrit à 80 chefs d'entreprise prestataires de services de la mairie pour leur demander un effort citoyen. « Ils ont bien compris, ils ont fait un geste commercial qui s'élève globalement à 300 000 euros sur une enveloppe annuelle de 16 Millions d'euros », dit-il, avant de se défendre : « Comme pour les médecins, je n'ai fait que sensibiliser. »
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