L'Union des Syndicats de Monaco (USM) quitte la Confédération Européenne des Syndicats (CES)
Du 10 au 12 avril 2018 s'est tenu à Monaco le 34 ème Congrès de l'USM (Union des Syndicats de Monaco)
Le Front Syndical de Classe y était invité.
Etaient également présents : l'Union départementale CGT des Bouches du Rhône, l'UD des Alpes Maritimes, Le syndicat italien CGIL, le syndicat basque LAB ...
Le présent compte-rendu porte principalement sur la première journée de ce congrès.
L'USM occupe une place originale et très importante dans cette principauté dominée par la finance et l'industrie du luxe, comme organisation se réclamant ouvertement de la lutte des classes et qui tente de se débarrasser de ce qui reste de l'industrie comme en ont témoigné les camarades de la chimie.
Une véritable « anomalie » dans le paysage feutré et affairiste de ce paradis fiscal !
Cette place originale et la combativité de ses syndicats explique à la fois la répression dont ils sont l'objet et les manœuvres de division diligentées par le patronat monégasque et le gouvernement de la principauté.
La diversité des représentés aux congrès est à l'image du monde du travail du Rocher : fonction publique, électricité et gaz, banques, cuisiniers et pâtissiers, agents hospitaliers, orchestre philharmonique, commerce, société des bains de Mer, bâtiment, chimie et plastiques, auxiliaires de vie, employés de bureau ...
De la diversité des témoignages et des interventions ressortent des points communs :
-la violence de l'agression contre le salariat (délocalisations, destruction progressive des CDI...) adossée aux directives européennes.
-détérioration progressive des conditions et du sens du travail même comme à l'hôpital.
-attaque généralisée et systématique contre les conventions collectives, les "négociations" proposées visant à imposer des régressions sociales.
-utilisation de l'identité et de la nationalité monégasques comme facteur de division vis-à-vis des dizaines de milliers de salariés qui ne résident pas à Monaco (immobilier le plus cher du monde).
-répression et contrôles pour entraver l'activité de l'USM, la création de nouveaux syndicats dont les statuts sont à présent soumis à l'approbation gouvernementale qui dans la plupart des cas tarde longuement à se manifester. Entraves qui s'appuient par ailleurs sur l'appareil judiciaire !
C'est Betty sur cette dernière question qui a mis l'accent sur la gravité des attaques orchestrées au nom du pluralisme syndical; "le pluralisme syndical c'est la division syndicale déguisée en démocratie" devait-elle s'exclamer, l'USM ayant vocation à rassembler toutes les tendances et la pluralité du salariat monégasque !
Le débat sur les conventions collectives et les négociations a fait ressortir une stratégie commune aux classes dominantes à Monaco mais qui concerne aussi directement la France :
À Monaco comme en France les conventions collectives sont en danger.
La conscience de leur importance a reculé chez les travailleurs et les organisations.
La stratégie qui consiste à renvoyer les négociations au niveau de l'entreprise comme l'implique les lois Macron/El Khomri vise à contourner les garanties de branche, à les vider de tout contenu.
De la même manière que la stratégie macronienne d'exclure par exemple chez les cheminots les nouveaux embauchés des garanties collectives du statut actuel en plus des divisions ainsi introduites, constitue une pédagogie du renoncement aux droits collectifs au profit d'un individualisme forcené se soldant de fait progressivement par un dynamitage des conquis sociaux issus des luttes. Là on est bel et bien sur la destruction des conquis du CNR et de la Libération dans un rapport de force favorable aux travailleurs que Macron ne se cache pas de vouloir littéralement exploser comme son compère des assurances Denis Kessler et qu'ils haïssent pour des raisons de classe !
C'est pourquoi en cette première journée proposition a été faite au congrès de mandater la direction pour animer des initiatives sur les conventions collectives comme élément décisif de conquête du syndicalisme et d'organiser une journée d'action sur le thème des droits et des libertés.
D'importantes décisions ont par ailleurs été prises par le congrès à la quasi-unanimité :
-Quitter officiellement la Confédération européenne des syndicats
-Etablir des liens avec la Fédération Syndicale Mondiale en tant qu'observateurs
Il s'agit donc de décisions importantes qui dépassent le seul cadre des syndicats de Monaco et qui auront sans doute des répercussions au-delà.
Les motivations de quitter la CES sont fondées sur des critiques issues de l'expérience : le silence et l'absence de soutien à propos des mouvements multiples et importants qui ont eu lieu et ont lieu en Europe, l'absence de mise en cause de la politique et des agressions de l'Union européenne révélées en grand et de manière manifeste par son inqualifiable attitude à l'égard du peuple grec condamné à la misère, un fonctionnement bureaucratique ...
Nul doute que ce faisant l'Union des Syndicats de Monaco s'est doté et d'une analyse et de liens internationaux les plus adaptés à la défense efficace des salariés dont elle est composée et plus largement du salariat et des travailleurs de la principauté !
Toute notre amitié et notre fraternité aux courageux et courageuses camarades de l'USM !
Le site de l'USM en lien ci-dessous: