BRÉSIL : analyse de la DÉBÂCLE DÉMOCRATIQUE

Par Joël Perichaud, secrétaire national du Parti de la démondialisation chargé des relations internationales
Le 6 novembre 2018
Fin 2011, Luiz Inácio Lula da Silva achève son second mandat présidentiel avec une popularité record ; Plus de 85% d’opinions favorables. Il laisse Dilma Rousseff, un héritage enviable. Le Brésil a renoué avec la croissance. Près de 40 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté : Le taux de chômage est très bas, les salaires sont plus élevés, les prestations sociales sont plus nombreuses, l’accès au logement, aux crédits et aux études supérieures est ouvert aux catégories les plus pauvres, le dialogue et la concertation avec les mouvements sociaux existent. Le Brésil, encensé par les « institutions internationales » a un activisme diplomatique tous azimuts.
Puis, le Président Michel Temer, arrive au pouvoir grâce à un véritable coup d’état institutionnel suite à un procès politique ubuesque. Il obtient la destitution de Dilma Rousseff, la présidente légitime. Sans aucun mandat électoral, il commence immédiatement à démanteler l’héritage social et les avancées démocratiques du « Lulisme » : Les dépenses publiques sont gelées pour 20 ans, les prestations sociales sont réduites ou supprimées, les droits des travailleurs sont rabotés, l’environnement est sacrifié. Les institutions pour la défense des droits, de l’environnement et des populations vulnérables sont privées d’une grande partie de leur budget. Les privatisations sont relancées, les politiques de prévention sont abandonnées au profit du « tout répressif ».
La destitution de Dilma Rousseff (2016), a permis la mise en œuvre de « réformes » visant les couches populaires et initié un processus brutal de régression sociale et démocratique. Comme à l’accoutumée, la droite et l’extrême droite ont utilisé le prétexte d’une forte récession économique et d’une explosion de la violence criminelle pour souffler sur les braises de l’intolérance sociale envers les plus pauvres et la haine politique.
Lula, grand favori des sondages a été condamné à 12 ans de prison sur la seule base de « convictions » d’un juge décidé à avoir sa peau. Il a été directement écroué, confiné à l’isolement et privé de parole publique pour l’empêcher d’être candidat à ces élections présidentielles. Parallèlement, le pays connaît une montée vertigineuse de la violence politique. L’assassinat (mars 2018) de Marielle Franco (élue du PSOL -Parti Socialisme et Liberté) a été commenté dans les médias mais, beaucoup d’autres crimes politiques sont restés dans l’ombre. En une seule année, 71 militants (paysans sans terre, indigènes, écologistes, etc.) ont été assassinés. C’est le chiffre le plus élevé depuis 14 ans.
L’élection de Jair Bolsonaro n’est pas vraiment une surprise. C’est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs : la rupture du pacte social mis en place par Lula ; la vague conservatrice qui déferle sur le pays et la crise que traversent les gauches, sociales et politiques.
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