Deux 49/3 en deux jours : autant en emporte... le vote des citoyens. Et comment contrer ce pouvoir financier ... – Par Jean LÉVY
/image%2F1449569%2F20221021%2Fob_e8eaf2_jean-levy-le-point-de-vue.jpg)
/image%2F1449569%2F20221021%2Fob_10d3be_jean1.jpg)
Chaque automne, le gouvernement en place présente aux députés d'abord, et aux sénateurs ensuite, le projet de budget pour l'année qui vient. Moment important de la vie parlementaire, le budget étant l'illustration chiffrée de la politique que ce gouvernement entend mener durant l'année suivante.
Les élus sont ainsi appelés à donner leur opinion sur chaque dépense et recette prévues par le projet gouvernemental, et le bien-fondé de sa destination. En cas de désaccord, ou d'absence de crédit prévu pour telle ou telle activité, les députés déposent des amendements soumis au vote de l'Assemblée. Ceux-ci sont adoptés ou rejetés par la majorité, et ainsi intégrés ou non au projet gouvernemental.
Ce sont ainsi que devraient se passer les choses dans une démocratie parlementaire...
Mais depuis 1958, nous sommes dans un régime de pouvoir personnel : c'est le président de la République qui détermine les choix politiques de la France. Evolution contraire à l'article 5 de la Constitution, précisant que c'est au gouvernement qu'échoit cette tâche...
Avec De Gaulle aux affaires, son "domaine réservé" se limitait, en principe, aux Affaires étrangères et à la Défense. Et il recourait à l'usage du référendum pour interroger les Français en cas de division de l'opinion.
Mais le désaveu du pouvoir par le peuple, en 2005, à propos de la Constitution de l'Union Européenne, a conduit depuis les gouvernements successifs à ne plus jamais consulter les Français !
Emmanuel Macron, à la suite de ses prédécesseurs, Sarkozy et Hollande, s'est, de fait, accaparé, la totalité des pouvoirs dans tous les domaines, comptant sur une majorité parlementaire à sa botte, pour avaliser, sans débat, les projets présidentiels.
Cette évolution répond aux nécessités du clan qui détient, à titre privé, l'appareil de production, et qui attend du pouvoir une politique conforme à ses intérêts. On connaît les liens qui lient qui lient le président de la République aux milieux financiers. D'où ses options politiques.
Mais face à la grogne qui monte dans le pays, Macron pour imposer les choix de l'oligarchie, ne dispose plus depuis cet été, d'une majorité parlementaire à l'Assemblée nationale à la suite des élections législatives.
Aussi, doit-il recourir, par deux fois en deux jours, à des procédures autoritaires pour faire passer ses lois en dégainant l'article 49/3 de la Constitution, son "l'artillerie lourde".
Par ce biais, les projets du pouvoir passent ainsi sans problème. Et les amendements, votés pourtant par la majorité des députés, restent lettres mortes.
Ainsi va la démocratie en Macronie.
Cela met également en question l'attitude des groupes d'opposition, en premier, celui qui se réclame "de la gauche", la NUPES, ou de droite, le Rassemblement national. Car, d'emblée, l'un et l'autre ont annoncé que leurs députés ne voteraient pas la motion de censure déposée par l'autre groupe, réduisant à zéro toute possibilité de censurer le gouvernement.
A quoi jouent donc les députés de la NUPES ?
Simplement, par leurs discours à la tribune, prouver à leurs électeurs qu'ils sont fidèles à leur ligne électorale, en vue du prochain scrutin ?
C'est tenir une "ligne Maginot" l'arme au pied.
On sait où cela doit mener.
Les beaux discours ne suffisent pas à battre l'ennemi.
Être député de l'opposition (de "gauche", bien sûr), c'est proposer à notre peuple une autre société, libérée du pouvoir financier, sans bourse, sans CAC 40 et sans marché livré à la spéculation. Une société de bien-être, où seraient satisfaits les besoins de la population. Une France apaisée, libre de ses choix politiques, sans comptes à rendre à des autorités étrangères, une France hors de l'Union européenne et de l'OTAN.
Sans dire la vérité sur la nature de classe du système, et ne pas appeler à en changer, c'est laisser croire que les banquiers vont de leurs coffres, nous donner, gentiment, la clé.
JEAN LÉVY