Y-a-il une « extrême-droite » avec qui on peut s’entendre ? - Par Jean LÉVY
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Quand des personnalités et des médias sont qualifiés "d'extrême-droite" par le cercle des faiseurs d'opinion, c'est pour jeter sur elles une étiquette infamante, et non pour traduire leur orientation politique réelle.
Faut-il préciser que l'extrême-droite existe, et qu'historiquement, les exemples sont là pour nous le rappeler.
Dans les années 30, les industriels et les financiers installent, en Europe, des régimes fascistes et nazi. En France, le patronat se dote de ligues bottées et casquées : les camelots du Roi de Maurras, les Croix-de-Feu du colonel de la Roque et ses groupes de combat, les "dispos", les Jeunesses Patriotes de Taittinger, le PPF de Doriot, sans oublier les terroristes de la Cagoule avec Joseph Darnand.
Cette extrême-droite dispose d'une presse à grand tirage, tels Gringoire, et Je Suis Partout, L'Action française, qui ne cachent pas, pour nombre d'entre eux, l'antisémitisme assumé et l'amour qu'ils ont pour Benito Mussolini et Adolf Hitler...
Avec, en toile fond, un anticommunisme viscéral.
Leurs convictions vont les conduire - sauf exceptions - à collaborer avec les occupants allemands à Paris, et avec le Maréchal, à Vichy.
Aussi, dès l'avant-guerre, le Parti communiste Français avait fait sienne la définition du fascisme de Georges Dimitrov :
« Le fascisme au pouvoir est, comme l'a caractérisé avec raison l'Internationale Communiste, la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier".
A la Libération, avec prudence d'abord, puis ouvertement, l'extrême-droite française se reconstruit sous l'impulsion d'anciens collabos, tels les frères Sidos - anciens de la Milice de Joseph Darnand - avec "Jeune Nation". Des groupes fascistes et monarchistes, avec leur presse, "Aspects de la France", "Ecrits de Paris", et « Rivarol », réinvestissent l'espace public.
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Journal Rivarol n°656 - 8 août 1963
LUCIEN REBATET (journaliste de "Je Suis Partout" et ancien collabo) AMNISTIE
Rapidement, dans les années 50, la marque européenne sera prise, avec le "Mouvement Social Européen", "Défense de l'Occident". François d'Orcival, Alain de Benoît, Xavier Raufer, un collaborateur de Georges Albertini dans les années 60, en seront les artisans. Et en 1964, "Occident", avec Alain Madelin, Patrick Devedjian et bien d'autres que nous retrouverons chez Giscard.
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Quatre ans plus tard, "Ordre nouveau", groupes d'action violente d'extrême-droite, bottés, casqués, feront l'actualité dans les campus et au quartier latin. Puis, ce sera le GUD...
Et en 1972, un activiste ayant fait ses classes en Algérie, va tenter en vain de fédérer tous ces groupuscules dans le "Front National" qu'il préside, c'est Jean-Marie Le Pen.
Dans les années Giscard, entre 1974 et 1981, sous l'impulsion du patronat, d'anciens responsables d'"Occident" seront réintégrés dans la famille traditionnelle de la droite, bon chic bon genre. Ainsi, Alain Madelin deviendra, en 1986, ministre de Balladur et il n'est pas le seul à faire sa cuti : Claude Goasguen et Gérard Longuet en fournissent la preuve.
Cette évocation de l'histoire des droites des en France montre à la fois le parcours sinueux de celles-ci, et les liens de parenté qu'elles entretiennent entre elles.
Aussi, la stratégie du pouvoir macronien et de ses médias, de diaboliser toutes les oppositions, en les qualifiant "d'extrême-droite" ou de "connivences avec l'extrême-droite", est une stratégie hypocrite, car le clan des financiers, qui a en permanence, subventionné les forces les plus rétrogrades, voire fascistes, dans notre pays, règne aujourd'hui à l'Elysée.
Et fort mal placé pour nous faire la morale.
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JEAN LÉVY