La CGT, toujours au milieu du gué : le point de vue de Guy GROUX, sociologue
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Cet article est publié ici à titre informatif, il donne à connaître un point de vue qui n’est pas forcément celui du blog El Diablo
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Par Guy GROUX, Sociologue, CEVIPOF, Sciences Po Paris
« L’organisation a failli exploser. De nombreuses choses inacceptables se sont produites ». C’est par ces mots que débute la déclaration de Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT, faite le 12 avril dernier devant la Commission exécutive confédérale. Le dernier congrès qui se tenait au moment du conflit sur les retraites aurait pu ou dû mettre un frein aux rivalités profondes qui traversent la CGT depuis longtemps. Il n’en a rien été : ce congrès a surtout montré ce qu’est devenue la CGT et l’état de crise qui l’affecte. On est loin de l’ambiance d’autres congrès comme celui de 1995 dont le rappel est d’autant plus précieux qu’il se déroulait lui aussi dans le contexte d’un puissant mouvement de protestation contre des projets de réforme concernant les régimes spéciaux et la sécurité sociale.
1995. Vers le renouveau
En 1995, le cadre dans lequel la CGT tient son congrès est très particulier. La France est totalement paralysée par une grève des cheminots et, dans Paris, plus une rame de métro, plus un bus ne circulent durant plusieurs semaines. C’est aussi des journées de grèves successives généralement bien suivies dans la Fonction publique et le secteur nationalisé. Certes, lors du congrès, la CGT affirme son soutien total au conflit en cours mais ce qui dans la durée ressort surtout des débats, c’est la remise en question de principes qui caractérisaient jusqu’alors la doctrine de la centrale. Dans ses anciens statuts, la CGT se donnait pour but « la suppression de l’exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production ». Il s’agissait d’un projet politique, révolutionnaire et anticapitaliste visant à l’instauration d’une société communiste.
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