CLIMAT : beaucoup de bruit pour rien (3/4)
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Association des climato-réalistes
De la chute de Rome au Petit Âge glaciaire
par Robert Girouard.
(Cliquer ici pour l’épisode 1 et cliquer là pour l’épisode 2.)
Divers facteurs ont concouru à la chute de Rome. Mais selon l’historien Kyle Harper, l’effondrement s’explique essentiellement par des épidémies successives et une détérioration du climat. Le refroidissement des températures commence vers 250 de notre ère ou même avant. Une douzaine de proxys tels que carottes glaciaires, avancées des glaciers, pollens et sédiments marins et lacustres attestent la réalité de ce Petit Âge glaciaire de l’Antiquité tardive, auxquels il faut ajouter les écrits de l’époque et d’autres données de base comme les variations solaires. Ainsi, les greniers à blé d’Afrique et de Sicile se tarissent, causant des famines. Les steppes d’Asie centrale sont en proie à une forte sécheresse à l’origine des migrations des Huns, lesquelles pousseront les Goths à envahir Rome. On connaît la suite.
L’Amérique n’est pas épargnée par le changement climatique, qui se manifeste toutefois de manière différente. La chute de Teotihuacan, la plus grande cité précolombienne, vers 550, coïncide avec une modification du régime de moussons dans le bassin de Mexico. Du côté du Yucatan, plusieurs cités mayas succombent également aux assauts de la sécheresse, et ce, malgré tous les sacrifices humains et autres rites barbares imaginés par les élites pour amadouer le dieu de la pluie Chaac. En Asie, plus tard, des changements climatiques défavorables contribueront à la désertion d’Angkor.
Après six siècles de temps difficiles, la douceur de vivre est de retour à compter de 900. Au cours de cet optimum médiéval qui durera environ quatre siècles, ponctués de hauts et de bas, l’Europe connaîtra un essor sans précédent, tant sur le plan démographique qu’économique et culturel. D’innombrables sources écrites qu’ont étudiées des historiens de talent comme Emmanuel Le Roy Ladurie et Pierre Alexandre confirment la réalité de cette période chaude. À certains moments, il fait suffisamment chaud pour que l’Angleterre du Nord produise de l’excellent vin, exportable, et que l’on cultive la vigne jusqu’en Prusse orientale et dans le sud de la Norvège. Les surplus agricoles permettent de financer les croisades, la construction de cathédrales, la pratique des arts en général. Les mœurs s’adoucissent aussi, avec l’avènement de la courtoisie et de l’esprit chevaleresque.
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