GILETS JAUNES - Cinq ans après, Manue, gilet jaune de Brest : « avant on avait honte de notre condition de pauvre »
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Dans le cadre du cinquième anniversaire du début du mouvement des gilets Jaunes le 17 novembre 2018, nous réalisons une série d’entretiens avec des Gilets Jaunes du Finistère.
Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?
Je m’appelle Manue, j’ai 45 ans et j’habite à Brest, je suis en formation dans l’agriculture durable.
Comment et pourquoi es-tu arrivée dans les GJ ? Es-tu arrivée seule ?
Je ne gagnais pas beaucoup : 800 et quelques par mois. Quand l’annonce a été faite que le gazole allait augmenter, ça voulait dire que, si j’avais plus de frais de gazole, j’aurais moins à donner à manger à mes enfants. C’était après la vaisselle, après la piscine, et toutes les dépenses qu’il y avait eu à l’Élysée avec Brigitte et Emmanuel Macron. Je ne trouvais pas normal que si on a besoin de sa voiture pour aller au travail ça augmente comme ça et que ça ampute sur le budget alimentation. Du coup j’avais un sentiment d’injustice. Je suis arrivée avec un copain d’enfance. Quand il y a eu l’appel d’aller sur les ronds-points, on s’est organisé pour y aller, être au point de RDV à 6h sur le parking à côté du grand Leclerc de Brest. On a préparé nos gilets avec des écritures dessus. Lui il avait écrit sur le mien : « Mafia bretonne » avec un « A » anarchiste. Il disait que j’étais une anarchiste, moi je lui disais que non.
Qu’as-tu pensé des accusations envers les GJ de ne pas être écologistes ?
Les GJ ont tellement de problèmes déjà à gérer, dans leur quotidien de vie souvent de précaire ou de bas salaires. Eux il se posent des questions de comment ils vont payer leurs factures. Ils ont d’autres priorités qui font qu’ils n’ont pas le temps pour intellectualiser ou réfléchir à la solution écologique même si évidemment ils pensent à leurs enfants et qu’est-ce qu’ils vont leur laisser. Mais dans le présent ils ont tellement de contraintes que ce n’est pas la priorité, même s’ils y pensent. Et comme dit le dicton : l’écologie sans la lutte des classes c’est du jardinage.
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