L’AGRICULTURE : une industrie comme une autre ? [sur le blog de Descartes]
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« Nous résignerons-nous, cependant, à n’être plus, comme les Italiens nous ont annoncé leur volonté de ne pas le demeurer, qu’un « musée d’antiquailles » ? Ne nous le dissimulons pas : le choix même ne nous est plus permis. Pour le croire encore possible, nous savons trop bien le sort que nos ennemis réservent aux musées. Nous voulons vivre, et, pour vivre, vaincre. Or, ayons le courage de nous l’avouer, ce qui vient d’être vaincu en nous, c’est précisément notre chère petite ville. Ses journées au rythme trop lent, la lenteur de ses autobus, ses administrations somnolentes, les pertes de temps que multiplie à chaque pas un mol laisser-aller, l’oisiveté de ses cafés de garnison, ses politicailleries à courtes vues, son artisanat de gagne-petit, ses bibliothèques aux rayons veufs de livres, son goût du déjà vu et sa méfiance envers toute surprise capable de troubler ses douillettes habitudes : voilà ce qui a succombé devant le train d’enfer que menait, contre nous, le fameux « dynamisme » d’une Allemagne aux ruches bourdonnantes. Ne fût-ce qu’afin de préserver, dans notre vieux patrimoine, ce qui peut et doit l’être, il nous faut l’adapter aux nécessités d’une ère nouvelle. La voiture à âne était peut-être un mode de transport bonhomme et charmant. Mais à refuser de lui substituer, là où cela est souhaitable, l’auto, nous finirions par nous voir enlever jusqu’à nos bourricots. (Marc Bloch, « L’étrange défaite », 1940)
Alors que les paysans français – mais le phénomène se retrouve ailleurs en Europe – sortent leurs tracteurs pour bloquer les autoroutes menant à Paris, une expression qu’on croyait oubliée est revenue dans le discours public, celle du « juste prix ». Celui que l’acheteur d’un bien aurait à payer pour permettre au producteur du bien qu’il achète de vivre dignement de son travail.
Il est amusant de constater qu’après cinquante ans ou presque de révolution néolibérale, et alors que nos élites politico-médiatiques ont fait leurs l’ensemble de ses postulats, le discours revient à celui de « l’ancien monde » lorsqu’une crise est en vue. Car dans la vision libérale, il n’y a aucune place pour l’idée même d’un « juste prix ». Pour un libéral, le prix doit être le résultat de la confrontation de l’offre et de la demande dans un marché aussi proche de l’idéal « pur et parfait » que possible. D’un côté, des producteurs qui offrent leurs produits, et qui sont d’autant plus nombreux à les offrir que les prix sont plus élevés. De l’autre, des consommateurs qui veulent se procurer ces produits, et qui en achèteront d’autant plus que les prix sont plus bas. Il résulte de cette confrontation un « prix d’équilibre » qui correspond à la plus grande quantité de biens échangés. A un prix plus élevé, il y aurait moins d’acheteurs, à un prix plus faible, moins de vendeurs.
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