MANOUCHIAN AU PANTHÉON : LA SURPRISE DE LÉON LANDINI – Par Régis de Castelnau
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Léon Landini est contrarié. Il a bientôt 98 ans et il est le dernier membre survivant de l’organisation des FTP MOI, l’organisation combattante mise en place par le parti communiste français pendant l’occupation pour lutter à la fois contre l’occupant nazi et le régime de Vichy qui s’était mis à son service. Survivant, bien qu’il y a 80 ans, il ait bravé plusieurs fois la mort. Arrêté deux fois, il s’est évadé deux fois, à chaque fois pour reprendre le combat, et terminer la guerre avec le grade d’officier. Ces unités étaient composées de travailleurs immigrés étrangers, communistes ou sympathisants au sein desquelles polonais, roumains, espagnols, arméniens, avec un grand nombre de juifs, combattaient côte à côte.
Tout le monde connaît aujourd’hui l’histoire de Missak Manouchian fusillé avec 22 de ses camarades le 21 février 1944, ceux qui apparaissent sur la fameuse affiche rouge magnifiée par le grand poème de Louis Aragon. Il a donc été décidé d’accueillir Missak Manouchian et sa femme au sein du Panthéon qui accueille les grands Hommes ayant mérité de la Patrie. Ils y représenteront tous ces étrangers qui dans les années terribles, en prenant tous les risques et faisant souvent le don de leur vie, se sont engagés pour la France. Comme Jean Moulin entrant au Panthéon le 19 décembre 1964 pour y représenter « le peuple né de l’ombre et disparu avec elle, nos frères dans l’ordre de la nuit. »
Léon Landini a d’abord été surpris lorsque, dernier camarade vivant de Manouchian, représentant ultime de ce combat, il a dû apprendre par la presse l’existence d’une cérémonie pourtant destinée paraît-il à l’honorer lui aussi. Non qu’il recherche les honneurs, ils lui ont déjà été rendus, mais le symbole d’une reconnaissance de la Nation le touche. Comme chaque fois qu’il lit, ou qu’il entend les vers du poème d’Aragon disant si bien l’importance de son choix pour ce qui est aujourd’hui son pays : « Nul ne semblait vous voir Français de préférence, les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant, mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants, avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE ».
POURSUIVRE LA LECTURE :
Sous la couverture de la reconnaissance officielle des combats menés pour la libération de la France par les immigrés lors de la Deuxième guerre mondiale, l’ostracisme continue. Léon Landini (98 ans), dernier officier vivant des FTP-MOI (Franc-tireur et Partisan de la Main d’Oeuvre Immigrée) n’a pas été invité ce 21 février au Panthéon malgré ses demandes répétées à l’Elysée. Refus méprisant : « on reviendra vers vous si votre demande est acceptée ». Pourquoi ce refus ? Mais pour la même raison honteuse que les FTP-MOI ont été massacrés par les fascistes : parce qu’il est encore et toujours un indomptable communiste luttant contre le fascisme et défendant à la fois l’internationalisme prolétarien et la liberté, l’indépendance et la souveraineté de la France.