Conflit israélo-palestinien : CALOMNIES MÉDIATIQUES contre LFI ou « La Formation infréquentable »
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Par Mathias Reymond, publié initialement le 26 octobre 2023
Depuis le 7 octobre, la couverture médiatique des événements en Israël et en Palestine est massive. Nous l’avons étudiée dans un premier article au prisme de « l’information internationale ». Mais en parallèle, le journalisme politique s’est largement focalisé sur des controverses politico-médiatiques. Les médias dominants, qui relaient complaisamment les campagnes menées par ceux qui dominent le champ politique, sont passés tel un rouleau-compresseur sur La France insoumise, contre laquelle tout semble désormais permis. Ses positions, « résumées », déformées, conspuées, lui ont valu une double condamnation, pour complicité de barbarie et antisémitisme nazi.
Dans les heures qui suivent les massacres du Hamas contre des civils israéliens, les premières réactions de Jean-Luc Mélenchon (ici) et des députés LFI (là) font l’objet d’attaques d’une partie du champ politique, que les éditorialistes reprennent à leur compte au point d’occuper la Une de « l’actualité ». En témoignent par exemple les premières questions posées à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, lors de son passage dans l’émission « Questions Politiques » sur France Inter et France Info, le lendemain de l’attaque [1]. Les causes de la tempête médiatique ? Une condamnation pas assez marquée des crimes du Hamas, la volonté de les inscrire dans un contexte historique ou des réticences à qualifier l’organisation de « terroriste » : autant de fautes impardonnables – du moins si c’est l’occasion de dézinguer La France insoumise.
Pour clarifier les premières prises de position de leur parti, Mathilde Panot (présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale) et Manuel Bompard (coordinateur de LFI) s’expriment donc à plusieurs reprises face aux journalistes. Invité dès le lundi matin sur France 2 dans « Télématin » (9/10), ce dernier fait part de sa « condamnation totale » des attaques du Hamas, les qualifiant de « crimes de guerre », répétant son « indignation » face à ces actes. Mais les réponses que lui intime de donner Thomas Sotto ne viennent pas. Tandis que Bompard évoque la solution à deux États, « une solution qui permet aux Israéliens de vivre en sécurité et en liberté, aux Palestiniens de vivre en sécurité et en liberté », le présentateur clôt l’interview par un procès d’intention : « La position "oui, mais" ». La réaction de Manuel Bompard est immédiate : « Je ne vous permets pas, à la fin de l’interview comme ça, de résumer ma position en mettant les sous-titres que vous avez envie. Ma position, elle est très claire, je n’ai jamais dit "oui, mais". »
Qu’on les approuve ou non, les positions de La France insoumise sont discutables, au sens où elles peuvent être discutées. Outre-Manche par exemple, la BBC explique pourquoi elle se refuse à qualifier le Hamas de « terroriste ». Concernant la qualification des événements, le politiste Jean-Paul Chagnollaud, spécialiste du Proche-Orient, argumente face au présentateur de l’émission « À l’air libre » (Mediapart, 10/10) : « Vous avez utilisé tout à l’heure le terme d’"attentat terroriste", on peut très bien le comprendre. Moi je n’utilise pas ces termes, je dis que ce sont des crimes de guerre, parce que je pense qu’on est en guerre. Après, c’est une question sémantique, mais qui a un impact important sur la représentation que l’on se fait du conflit. » Les communiqués de l’ONU font un choix sémantique similaire, mais, en dehors de quelques rares interviews de chercheurs ou d’ex-diplomates, ces analyses sont restées inaudibles. Et quoi qu’il en soit, ces choix ne supposent aucune complaisance envers les massacres commis par le Hamas le 7 octobre.
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