LIBERTÉ D'EXPRESSION ET SON CONTRAIRE - Par Gilles Questiaux
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Dialectique de la liberté d’expression : une totale liberté d’expression dans une société libérale parfaite se renverserait en son contraire.
Dans une société bourgeoise et capitaliste où régnerait un État minimum suivant le mot d’ordre « laissez-faire, laissez passer » qui laisserait une totale liberté d’expression à tous ses administrés supposés libres et égaux en droits, dans l’esprit paraît-il du premier amendement à la constitution des États-Unis, on aboutirait très rapidement à une non-liberté parfaite.
En effet dans une telle situation utopique, les expressions seraient libres formellement mais leur communication, leur impact et leur réception seraient complètement déterminées par le volume du capital qui y serait consacré. Ils ne seraient en fait que des marchandises. On sait que l’on fait circuler les marchandises en manipulant les émotions, et non en s’adressant à l’intelligence et à la raison.
Dans le domaine des idées, des informations, de l’art ou de la culture peut-on croire réellement que le libre jeu des intérêts privés contribuerait à l’optimum du bien public ? Encore bien moins que dans celui des marchandises matérielles ! Adam Smith qui affectait de le croire n’avait d’ailleurs en aucun cas eu l’idée saugrenue d’étendre si loin le champ de ses hypothèses théoriques.
Dans notre conjoncture idéologique caractérisée par le relativisme post-moderne, qu’on définit parfois comme le règne de la « post vérité » ou de la « réalité augmentée », penser que la vérité finira toujours par sortir du puits est une simple naïveté. Il n’existe tout simplement plus de référence incontestable au réel, qui donnerait à ceux qui défendent la vérité contre la falsification un quelconque avantage qualitatif.
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