BRICS+ : vers un nouvel ordre international ?
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Par Jean-Joseph Boillot
Avec l’arrivée début 2024 de l’Egypte, de l’Ethiopie, de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de l’Iran, les BRICS incarnent désormais un ensemble d’Etats influents sur la scène internationale, représentant 46% de la population mondiale et 29% du PIB mondial. Si 2024 est synonyme d’une année électorale importante pour plusieurs membres des BRICS, de nouveaux élargissements pourraient avoir lieu dans les années à venir. Allons-nous vers un ordre international alternatif ? Quels sont les atouts stratégiques des BRICS+ ? Peuvent-ils incarner la voix du Sud global ? Entretien avec Jean-Joseph Boillot, chercheur associé à l’IRIS, spécialisé dans l’économie indienne et le monde émergent.
Un nouveau mandat de Vladimir Poutine en Russie, un revers historique pour l'African National Congress (ANC) aux élections sud-africaines, une courte victoire de Narendra Modi en Inde, de nouvelles élections à venir en Iran après la mort d'Ebrahim Raissi et en Ethiopie. … 2024 est une année électorale charnière pour de nombreux pays BRICS+. Doit-on s’attendre à des répercussions de ces élections sur l’agenda international des États BRICS+ ?
C'est tout à fait possible, car les BRICS+ sont un groupe assez hétérogène. Il suffit, comme on l'a vu en Argentine, que Javier Milei, un libéral pro-américain, soit élu pour quitter ce groupe. Mais ce qui est intéressant, c'est de voir que, même avec les élections indiennes, dont les résultats ont donné Narendra Modi avec une courte majorité, la plupart des pays de ce qu'on appelle le « Sud global » sont fondamentalement unis, avec un fort consensus interne pour s'affranchir enfin de l'ordre international occidental dit de Bretton Woods. Donc, à une ou deux exceptions près, il peut y avoir des changements de gouvernement sans remettre en cause ce consensus très fort. Et si certains voudraient voir les BRICS+ comme un club anti-occidental conflictuel, en réalité il est clair qu'avec l'entrée récente de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de l'Égypte dans le groupe, le consensus est plutôt du type multi-alignement, un peu à l'image de l'Inde, qui s'est récemment rapprochée des États-Unis sans rompre ses relations avec la Russie, par exemple. Pour l’instant du moins, les élections dans les pays en développement ne semblent pas remettre en cause ce consensus majoritaire au Sud.
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