La mode du jour : le RETOUR vers la IVème République [sur le blog de Descartes]
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« Les peuples qui oublient leur passé sont condamnés à le revivre »
Il paraît que dans notre beau pays nous manquons d’esprit de compromis. Qu’il est urgent d’importer cette denrée si rare dans nos contrées et si abondante chez nos voisins. Car si l’on croit les commentateurs qui hantent nos étranges lucarnes, les citoyens allemands, italiens, espagnols, hollandais et même belges vivent dans un bonheur sans égal, dirigés par des gouvernements qui travaillent pour leur bien dans un climat apaisé grâce à ce fameux « esprit » qui nous manque tant.
Pourtant, il y a de bonnes raisons d’être sceptique à propos de ces discours. La principale nous est fournie par l’histoire. Elle nous rappelle qu’avant la « monarchie présidentielle » instaurée en 1958, nous avons connu deux républiques parlementaires, la IIIème entre 1871 et 1940, la IVème entre 1946 et 1958. Pendant plus de quatre-vingts ans, la formation des gouvernements a reposé sur ce fameux « esprit de compromis » qu’on nous vante tant aujourd’hui. Résultat : une instabilité chronique qui conduisit à l’impuissance du politique et la toute-puissance de l’administration (1). Car il faut bien comprendre qu’on n’envisage pas la tâche de gouverner de la même manière lorsqu’on sait qu’on est là pour quelques jours et lorsqu’on a devant soi plusieurs années. Un ministre qui ne reste en poste que quelques mois, qui consacre l’essentiel de son énergie à survivre face à une assemblée qui peut l’éjecter à tout moment n’a pas les moyens d’approfondir sa connaissance des politiques de son ministère. Tout au plus il pourra s’engager dans un petit nombre de dossiers qui lui tiennent à cœur, et laissera le reste dans les mains de hauts fonctionnaires qui, ayant pour eux la permanence, exerceront l’essentiel du pouvoir. Ce sont les généraux, pas les politiques, qui ont décidé de la politique de défense dans les années 1930 – oubliant la formule cinglante de Clemenceau selon laquelle la guerre est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux militaires. Dans la période cruciale qui va de 1933 à 1940, c’est l’inamovible secrétaire général du Quai d’Orsay Alexis Léger, germanophile convaincu, qui fait l’essentiel de la politique extérieure. Y compris sous le Front Populaire : on lui attribue un rôle déterminant dans la politique de non-intervention dans la guerre civile espagnole et dans le sabotage de l’alliance soviétique. La IIIème et la IVème, c’est l’âge d’or de la technocratie française, la période pendant laquelle les « grands commis » ont eu le plus de pouvoir, pour le meilleur souvent, pour le pire quelquefois. Et notamment lorsqu’il faut, pour faire face à une crise, le genre d’impulsion que seul le politique peut donner. La IIIème République, minée par le clanisme parlementaire, n’a pas su préparer le pays à la guerre. La IVème, pour les mêmes raisons, s’est révélée incapable de gérer la décolonisation.
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La mode du jour: le retour vers la IVème République
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