UKRAINE : le conflit va-t-il s'intensifier jusqu'au retour de Trump à la Maison Blanche ? Macron soutient l'escalade initiée par l'administration Biden [TOUTES NOS INFORMATIONS]
/image%2F1449569%2F20241119%2Fob_63f652_ukraine-carte.jpg)
Ukraine : «Le conflit risque de s’intensifier jusqu’à la prise de fonction de Trump»
L'autorisation donnée à l'Ukraine par l'administration Biden de frapper en profondeur le territoire russe serait un prélude aux discussions qui pourraient avoir lieu après l’entrée en fonction de Donald Trump comme président des États-Unis, estime l'analyste politique Michel Fayad.
ENTRETIEN :
Question : Pensez-vous que l’autorisation américaine donnée à Kiev de frapper le territoire russe en profondeur, à l'aide de missiles à longue portée, puisse provoquer une grave escalade dans le conflit en Ukraine ?
Michel Fayad : Je pense que cela fait partie, en réalité, de la négociation à venir. Le fait que l’Ukraine occupe une partie de cette région de Koursk, dans l’ouest de la Russie, est une carte pour Zelensky sur la table des négociations : «On se retire de Koursk, mais vous vous retirez de telle ou telle partie de l’Ukraine.»
Biden soutient Zelensky pour conserver cette carte, tandis que la Russie veut absolument la retirer des mains de Zelensky afin qu’il n’ait pas de levier lors des négociations.
Il y a également un autre aspect, plus large : les États-Unis considèrent la Chine comme leur véritable adversaire. En voyant la Corée du Nord comme faisant partie de la sphère d'influence chinoise, ils envoient un avertissement à ces deux pays. Les soldats nord-coréens pourraient être directement visés, ce qui entraînerait des pertes importantes pour la Corée du Nord.
Question : Pourquoi précisément, au cours des deux derniers mois de l’administration Biden, les États-Unis ont-ils autorisé l’Ukraine à frapper l’intérieur de la Russie avec des missiles ATACMS?
Michel Fayad : Sachant que Donald Trump prendra bientôt ses fonctions et qu’il souhaite mettre rapidement fin au conflit en Ukraine, l’idée est d’affaiblir la Russie avant les négociations en maintenant la région de Koursk sous occupation ukrainienne.
C’est pour cela que Poutine met la pression sur cette région, notamment grâce à son alliance avec les Nord-Coréens. En parallèle, la Russie cherche à reprendre des terres en Ukraine pour se présenter en position de force aux négociations, avec un maximum de gains territoriaux et sans terres russes occupées.
Ce bras de fer est un prélude aux discussions qui auront lieu dès l’entrée en fonction de Trump.
Question : Vous parlez des négociations. À quelle réaction s’attendre du côté de Trump ?
Michel Fayad : Bien que les négociations soient entamées, Trump, en tant que président élu mais pas encore en fonction, dispose de moyens limités. Biden, pour sa part, reste à la manœuvre jusqu’à la fin de son mandat.
Cela pousse Poutine à intensifier ses frappes, notamment sur Kiev et d’autres régions, tandis que Biden continue de soutenir Zelensky pour maintenir l’occupation de la région de Koursk.
Le conflit risque de s’intensifier jusqu’à la prise de fonction de Trump, car chaque camp veut arriver en position de force à la table des négociations.
PT
/image%2F1449569%2F20241119%2Fob_5df2db_poutine-ecran-television.jpg)
Dissuasion nucléaire : Poutine a approuvé la doctrine révisée
Le président russe a signé ce 19 novembre un décret approuvant la mise à jour de la doctrine nucléaire. Annoncée fin septembre, celle-ci élargit les possibilités de recours à l’arme nucléaire, considérant notamment comme une attaque conjointe l’agression menée par un État non nucléaire soutenu par une puissance nucléaire.
Un décret, signé par Vladimir Poutine et publié ce 19 novembre énumère les principes fondamentaux de la doctrine nucléaire. S’il consacre le statut «défensif» de l’arme nucléaire, «mesure extrême et nécessaire», celui-ci en étend également les possibilités de recours. La dissuasion nucléaire vise à garantir qu’un «adversaire potentiel comprend le caractère inévitable de représailles en cas d'agression contre la Russie et (ou) ses alliés», souligne le texte.
Au-delà d’une riposte à une attaque nucléaire, l’agression de tout État non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un pays nucléaire, sera dorénavant considérée comme une «attaque conjointe» contre la Russie. Par ailleurs, une réponse nucléaire russe devient possible en cas de «menace critique» contre sa souveraineté, même avec des armes conventionnelles, en cas d'attaque contre la Biélorussie ou encore dans le cas de «lancement massif» de missiles de croisière ou de drones franchissant les frontières russes.
Comme précisé par l’agence Ria Novosti, ce texte entre en vigueur à la date de sa signature : ce 19 novembre.
La doctrine nucléaire : un «instrument vivant», selon Poutine
Le 25 septembre, lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe, Vladimir Poutine avait annoncé que des «clarifications» de la doctrine de recours à l’arme nucléaire avaient été proposées. Un mois plus tôt, depuis le Forum économique de Saint-Pétersbourg, le chef d’État russe avait prévenu que des changements dans la doctrine nucléaire n’étaient «pas exclus», déclarant que celle-ci était un «instrument vivant».
«Il est proposé de considérer comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie l'agression de la Russie par un pays non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d'un pays nucléaire», avait-il déclaré lors de la réunion du Conseil de sécurité russe.
«Nous envisagerons cette possibilité si nous recevons des informations fiables sur le lancement massif de moyens d'attaque aérospatiaux et leur franchissement de la frontière de notre État», a-t-il ajouté, avant de préciser faire référence «à l'aviation stratégique et tactique, aux missiles de croisière, aux drones, aux avions hypersoniques et autres appareils aériens».
Ces déclarations survenaient au moment où Kiev entendait convaincre Washington de lui octroyer son feu vert pour effectuer des tirs dans la profondeur du territoire russe à l’aide de missiles longue portée fournis par les chancelleries occidentales. Une autorisation qui, selon un article du New York Times publié le 17 novembre, a été accordée par Joe Biden.
Face à cette éventualité, le président russe et l’ambassadeur russe à l’ONU avaient mis en garde, également en septembre, qu’une telle autorisation serait considérée comme «une implication directe» des pays de l’OTAN dans le conflit en Ukraine.
PT
/image%2F1449569%2F20241119%2Fob_ca0db9_russsie-briansk.jpg)
/image%2F1449569%2F20241119%2Fob_3021d2_missile-us-atacms.jpg)
Russie : la Défense russe annonce avoir abattu cinq missiles ATACMS dans la région de Briansk
Le ministère russe de la Défense a déclaré le 19 novembre avoir détruit en vol plusieurs missiles ATACMS, de fabrication américaine, tirés par les forces armées ukrainiennes lors d'une frappe nocturne contre une installation dans la région de Briansk.
Au cours de la nuit, les forces ukrainiennes ont visé une installation de la région de Briansk à l'aide de six missiles ATACMS, a annoncé ce 19 novembre le ministère russe de la Défense.
«Cette nuit, à 3h25, l'ennemi a frappé une installation dans la région de Briansk avec six missiles balistiques. Selon des informations confirmées, des missiles opérationnels-tactiques ATACMS de fabrication américaine ont été utilisés», stipule un communiqué du ministère russe de la Défense, publié sur sa chaîne Telegram.
Selon ce dernier, cinq missiles ont été «abattus» et un «endommagé» par les systèmes de défense anti-aériens S-400 et Pantsir.
«Des fragments du missile abattu ont touché le territoire d'une installation militaire dans la région de Briansk, provoquant un incendie qui a été rapidement éteint», ajoute le rapport. Toujours selon cette source, il n'y a pas eu de victimes ni de «destructions».
Le 17 novembre, citant des responsables américains, le New York Times a rapporté que Joe Biden avait autorisé Kiev a effectué des frappes de missiles semi-balistiques ATACMS dans la profondeur du territoire russe.
Une information que l'administration Biden a pour l'heure refusé de commenter. Pour autant, plusieurs dirigeants ont réagi à cette information, à l'instar d'Emmanuel Macron qui a estimé qu'il s'agissait d'une décision «tout à fait bonne».
Des mises en garde ignorées
La Russie a prévenu à plusieurs reprises qu'une telle autorisation serait considérée comme «une implication directe» des pays de l’OTAN dans le conflit en Ukraine, notamment en raison des moyens occidentaux que ces missiles nécessitent pour être opérés.
Mi-septembre, le président russe Vladimir Poutine a ainsi averti qu'un feu vert des Occidentaux pour ce type de frappes «changerait considérablement l'essence et la nature même du conflit». «Cela signifiera que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens seront en guerre contre la Russie», avait-il précisé. Cette dernière sera alors contrainte de prendre des «décisions appropriées», toujours selon le chef de l'État russe.
Un avertissement réitéré, dans la foulée, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, par le Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'ONU Vassili Nebenzia. «Si la décision de lever les restrictions est prise, cela signifiera qu’à partir de ce moment, les pays de l’OTAN entreront directement en guerre avec la Russie», avait-il déclaré.
PT
/image%2F1449569%2F20241119%2Fob_9755f0_macron-biden-11-2024.jpg)
MACRON SOUTIENT LA DÉCISION DE BIDEN D'AUTORISER ZELENSKY À LANCER DES MISSILES CONTRE LA RUSSIE
Lors du G20, Macron vient de juger cette décision « tout à fait bonne ». Sans aucune consultation de la représentation nationale (Assemblée Nationale et Sénat) où les « oppositions » (RN/LR/NFP) ne protestent pas.
SOURCE : X (Twitter) F.A.
En marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro, le président français Emmanuel Macron a qualifié de «décision tout à fait bonne» l’autorisation des États-Unis permettant à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée dans la profondeur du territoire russe.
Emmanuel Macron a salué la décision des États-Unis d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles à longue portée, dont les ATACMS, contre des cibles situées en Russie. «C’est une décision tout à fait bonne» a déclaré le président français lors d’une déclaration à la presse à Rio de Janeiro le 18 novembre, soulignant que ce choix américain répondait à ce qu’il a décrit comme une «décision escalatoire» de la part de la Russie.
Le président français a pointé du doigt «l’engagement» présumé «des troupes nord-coréennes aux côtés de la Russie, sur ce qui est le sol européen». C'est véritablement une rupture dans cette guerre, qui a conduit à ce choix des Américains a-t-il ajouté, après avoir dépeint la Corée du nord comme «une puissance très agressive qui est engagée sur un programme nucléaire avec des missiles de très longue portée».
Ce feu vert de Washington, rapporté le 17 septembre par le New York Times, citant des responsables, n'a toutefois pas été confirmé par l'administration Biden. Jusqu'alors Washington s'était montré prudent à l’idée de permettre à Kiev d’utiliser des armes américaines à longue portée pour frapper dans la profondeur du territoire russe, par crainte d'une escalade avec Moscou.
Le soutien d'Emmanuel Macron, à ce revirement américain sur les tirs dans la profondeur du territoire russe, n’a pas été imité par tous les alliés européens. Si le Royaume-Uni pourrait emboîter le pas concernant l'emploi de ses missiles Storm Shadow, Olaf Scholz, a pour sa part réitéré son refus de fournir à Kiev des missiles de croisière Taurus d'une portée de 500 kilomètres.
Les Occidentaux «veulent une escalade», fustige Lavrov
Le Kremlin a vivement réagi par l’intermédiaire de son porte-parole, Dmitri Peskov, qualifiant ce geste de «nouvelle spirale d’escalade» et avertissant qu’il pourrait intensifier l’implication des États-Unis dans le conflit.
Ce changement de politique américaine intervient à moins de deux mois de la fin du mandat de Joe Biden. Certains analystes estiment qu’il s’agit d’une tentative d’assurer un soutien militaire à l’Ukraine avant une éventuelle inflexion sous l’administration Trump. Le président élu a affirmé à plusieurs reprises qu'il mettrait fin au conflit, tout en critiquant l'aide prodiguée à Kiev par Washington.
Ce 19 novembre, l'armée russe a déclaré avoir abattu plusieurs ATACMS dans la région de Briansk. Un évènement qui est «le signe» que les Occidentaux «veulent une escalade» a dénoncé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à l'issue du G20.
Plus tôt dans la journée, le président russe a approuvé une révision de la doctrine nucléaire du pays. Une révision annoncée en septembre, à un moment, déjà, où Kiev entendait convaincre Washington de lui octroyer son feu vert concernant ces tirs à longue portée en Russie.
Quand Vladimir Poutine laissait planer le spectre d'une réponse «asymétrique»
Également en septembre, le président russe avait prévenu que toute attaque sur le territoire russe, à l’aide de missiles à longue portée occidentaux, serait perçue comme une implication directe des pays de l’OTAN dans le conflit, dans la mesure où Kiev ne dispose pas des moyens pour opérer seuls de telles armes.
Début juin, alors que plusieurs pays occidentaux venaient d'autoriser Kiev à employer des missiles longue portée pour frapper sur les territoires qu'elle continue de revendiquer, Vladimir Poutine avait laissé entendre que Moscou pourrait répondre de manière «asymétrique» aux fournitures à Kiev de ces missiles en fournissant des armes similaires à des adversaires des Occidentaux.
Le soutien militaire américain reste crucial pour l’Ukraine, et s'établirait à 51,8 milliards d'euros entre janvier 2022 et le 31 août 2024 selon le décompte du think tank allemand Kiel Institute. Moscou continue de condamner fermement cette assistance armée, ainsi que celle des autres alliés occidentaux de l'Ukraine, la qualifiant de facteur prolongateur du conflit.
PT
💥CERTAINS TROUVENT ÇA TRÈS DRÔLE
— François Asselineau (@f_asselineau) November 19, 2024
La TV d'État🇷🇺 a présenté une carte des pays d'Europe -dont la France- qui pourraient subir des frappes nucléaires russes si l'Ukraine envoie des missiles sur la Russie.
🤪 Les mêmes (à commencer par Macron) qui nous ont assuré pendant 2 ans ½
-… pic.twitter.com/LBNWDoIwso