La RUSSIE peut-elle se contenter de son plan B en Ukraine ? Bilan politico-militaire après trois ans d'opération militaire – Par Gilles Questiaux
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Des négociations directes entre la Russie et les États-Unis vont s'ouvrir en ce mois de février 2025, pour tenter de mettre fin à la guerre d'Ukraine, et il y a gros à parier qu'un compromis bâtard qui ne résoudra rien va en sortir. Certes tout ce qui mettra fin à l'hécatombe peut être considéré comme une bonne nouvelle, sauf si cela produit les conditions d'une nouvelle guerre de plus grande ampleur dans quelques années.
La Russie s'était engagée dans son "opération militaire spéciale " en Ukraine le 24 février 2024, pour "neutraliser, démilitariser et dénazifier" le pays, et trois ans plus tard, elle est encore très loin d'y être parvenue. Certes elle a atteint d'autres objectifs, ceux de son plan B, plus modestes, qui étaient évidents dès le début mais n'étaient pas énoncés explicitement : débloquer la Crimée, briser le siège de la ville de Donetsk qui durait depuis 2014, récupérer le contrôle total des rives de la Mer d'Azov, et annexer environ 80% du territoire de quatre provinces russophones : Donetsk, Lougansk, Zaporojie, Kherson, totalisant avec la Crimée environ 18% du territoire de l'Ukraine de 2014 ... Mais l'essentiel de ces succès ont été acquis dans les deux premiers mois du conflit, et au rythme actuel de sa progression sur le terrain il lui faudrait littéralement un siècle pour parvenir à Kiev.
La propagande russe présente cette situation comme la mise en œuvre d'une stratégie d'attrition lente de l'armée ukrainienne, dont elle annonce l'effondrement prochain depuis trois ans. En attendant, l'armée russe n'a réussi ni à sanctuariser son territoire, ni à s'emparer de grandes villes, à l'exception de Marioupol, ni à empêcher l'OTAN de reconstituer les forces de l'Ukraine au fur et à mesure qu'elle les détruisait - et qui dit attrition dit pertes des deux côtés. Le moins qu'on puisse dire c'est que la victoire tarde à venir, face à un adversaire pourtant dans sa masse peu déterminé à combattre, à en juger par la fuite massive de sa population à l'étranger et l'ampleur des désertions, de la corruption, et des conflits internes à l’appareil d'État.
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