RSA et IMMIGRATION : L'EXPLOITATION DU CAPITAL
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La scène politique française semble prise dans un étrange ballet idéologique : d’un côté, une droite décomplexée qui tape à bras raccourcis sur les allocataires du RSA, les chômeurs et les immigrés ; de l’autre, une prétendue gauche « progressiste » qui défend une politique migratoire prétendument généreuse… mais au nom de la croissance et du financement du modèle social. Au fond, ces deux pôles ne sont que les deux faces d’une même pièce : celle du capitalisme néolibéral.
À en croire certains think tanks comme Terra Nova ou certains éditorialistes « sociaux-libéraux », l’immigration serait nécessaire pour « sauver notre modèle social ». Autrement dit : importer de la main-d'œuvre pour compenser le vieillissement démographique et alimenter la machine économique. Ce raisonnement est profondément pervers : sous couvert d'humanisme, il justifie une exploitation organisée des migrants, réduits à des variables d'ajustement économique, taillables et corvéables à merci.
Ce discours fait totalement l’impasse sur le droit des peuples à rester et à vivre dignement chez eux, et sur la responsabilité historique du Nord dans la désorganisation économique du Sud. Plutôt que de promouvoir un modèle de co-développement solidaire, cette gauche d’accompagnement choisit la délocalisation sur place, en important la misère pour nourrir les besoins du Capital.
À l’autre extrémité du spectre politique, des personnages comme Laurent Wauquiez s'indignent de l’ « appel d’air migratoire », tout en soutenant une économie qui dépend structurellement d’une main-d’œuvre précaire, souvent sans papiers. Cette droite-là s’accommode parfaitement d’une réalité où des milliers de migrants sont exploités dans les secteurs invisibles : bâtiment, agriculture, aide à domicile, nettoyage, restauration… Autant de métiers à forte pénibilité, mal payés, souvent sans droits.
Et quand les Français les plus pauvres, notamment les allocataires du RSA, refusent ces emplois sous-payés, la droite les accuse d’être « assistés », « paresseux » ou « irresponsables ». Elle propose alors de supprimer le RSA, de le limiter dans le temps ou de le conditionner à des travaux forcés, au prétexte de « réinsérer » des gens qui seraient, selon eux, trop confortablement installés dans la précarité.
Mais la réalité, c’est que ce n’est pas le refus du travail qui est en cause, c’est le refus de l’exploitation. Les gens ne fuient pas le travail, ils fuient le travail indigne. Mal payés, sans droits, dans des conditions éreintantes, ces « jobs que personne ne veut » ne sont refusés que parce que le Capital a détruit les protections collectives et la dignité du travailleur.
Limiter le RSA à deux ans, comme certains le proposent, ne créera pas plus d’emplois décents. Cela produira plus de misère, plus d’errance, plus de violence sociale. Il suffit d’observer les États-Unis : là-bas, il n'y a pas de minimas sociaux, mais le plein emploi n’est jamais venu. Des millions de personnes vivent dans la rue ou dans des tentes, hors du salariat, hors du système, dans une pauvreté absolue, pendant que des centaines de milliers de postes restent vacants.
Le problème, ce ne sont ni les allocataires, ni les immigrés qui ont désignés comme boucs-émissaires. Le problème, c’est le Capital lui-même, qui a besoin de croissance, donc de plus de main-d'œuvre, donc d’immigration, tout en refusant de rémunérer décemment le travail. C’est lui qui divise les pauvres entre « assistés » et « méritants », « nationaux » et « étrangers », pour mieux continuer d’exploiter tous les travailleurs en silence.
Nicolas Maxime
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