La SNCM en grève contre le modèle low cost
Derrière le piquet de grève des marins, se joue plus que la survie de la compagnie. Entre dumping social, évasion fiscale et enjeux politiques troubles. Notre enquête révèle notamment la complaisance du fisc français à l'égard du rival de la SNCM: la holding suisse de la Corsisa Ferries n'a jamais été contrôlé. Sa filiale française l'a été à une seule reprise, malgré les millions d'argent publics perçus.
Depuis le 1er janvier, 80 % des salariés de la SNCM, la compagnie maritime nationale à participation d’Etat, sont en grève. Ils ne sont pas seuls, une importante partie des marins de la Méridionale (50%), compagnie privée du groupe Stef, les ont rejoints. Les seuls navires qui naviguent désormais entre la Corse et le continent sont les bateaux jaunes de la compagnie italo-suisse Corsica Ferries- Lozali SA. « Il n’y a que les jaunes qui sont en mer, il n’y a que les jaunes qui ne font pas grève » résumait à Bakchich un salarié bastiais de la SNCM.
La CGT, le SAMMM (Syndicat autonome des marins de la marine marchande), la CFDT et les cadres de la CFE-CGC réclament un engagement clair de Jean-Marc Ayrault pour appliquer le projet industriel signé en juillet dernier avec la direction. Un projet qui avait reçu l’aval du gouvernement. Il validait notamment la commande de nouveaux navires et la suppression de 500 postes sans licenciement sec.
«Dans le plan industriel validé par le gouvernement en septembre, il y avait la commande de 4 navires, dont 2 en décembre 2013. Cela n'a pas été fait, les promesses ne sont plus au rendez-vous, on nous a menti » a déclaré Jean-François Simmarano, représentant CGT des personnels sédentaires.
La majorité des salariés de la SNCM réclame aussi la sortie de Veolia du capital de la compagnie. La multinationale, qui depuis la privatisation partielle de la SNCM en est devenue l’opérateur industriel, est accusée de traitrise. Ni plus ni moins. Elle est accusée d’avoir voulu, dans un premier temps, se débarrasser de la compagnie en œuvrant pour réduire ses coûts dans le seul but de la revendre « par étages » et, ensuite, de manœuvrer pour arriver à déposer le bilan et effacer les dettes… et aussi ses responsabilités d’actionnaire.