Législatives 2012 : au lendemain du second tour, quelques réflexions de Jean Lévy
Sur toute sa « Une », Le Monde du 18 juin: « Les pleins pouvoirs pour M.Hollande »
Le second tour a confirmé en l’amplifiant, le phénomène observé lors du premier tour : le rejet massif des Français envers les candidats de la droite comme de la gauche.
En effet, le 17 juin, en métropole, seuls 9.100. 590 électeurs sur 40.692.587 inscrits, (soit 22, 3%), ont voté « socialiste », .
Le PS avait obtenu 7.371.734 voix au premier tour et 29, 43% des suffrages alors exprimés. Les désistements à son profit des candidats du Front de Gauche et des autres composantes qui se réclament de la « gauche » ont permis au PS (avec quelques socialistes dissidents et MRC) d’obtenir 302 sièges sur 577 que compte l’Assemblée.
C’est donc les particularités du mode de scrutin qui donne l’illusion d’un « vague rose ».
De son côté, l’UMP ne recueille que 8.378 .514 voix (20%)…
Les deux partis, dits de « gouvernement » qui sont alternativement « aux affaires » depuis de nombreuses décennies ne totalisent ensemble même pas, aujourd’hui, 45% des électeurs !
Les comparaisons entre le nombre d’élus et les voix exprimées pour chaque parti sont, de ce point de vue, éloquente.
Avec 1.415.393 voix au premier tour (« socialistes » en partie du fait de leur accord électoral), les Verts obtiennent 18 sièges.
Le Front de Gauche, avec 1.770 702 bulletins le 10 juin, n’aura que 10 députés.
Quant au Front national, totalisant plus de 3.500.000 voix au premier tour, il se contentera de deux députés.
C’est ce qu’on appelle « la démocratie ».
Hors de ces données statistiques, que faut-il retenir de ces scrutins successifs ?
Le PS succède à l’UMP, selon la bonne recette européenne de « l’alternance ». Gauche et droite échangent leur position, pouvoir et opposition, à chaque élection, dans tous les pays de l’Union, sans modifier la politique suivie par leurs prédécesseurs. La population lasse de la politique des uns vote pour les autres. Ce petit jeu électoral, à force de répétition, conduit de plus en plus de Français à se réfugier dans l’abstention ou le vote blanc.
Déjà l’UMP prépare sa revanche en 2017…Mais qui votera encore dans cinq ans ?
Le Front national, fort de ses scores encore inimaginables, il y a peu d’années, va tenter de s’insérer dans la partie et peser de plus en plus fort sur le terrain politique.
Certes, Marine Le Pen n’a pas (encore) gagné le siège qu’elle convoite dans le Pas-de-Calais. Mais à Hénin-Beaumont, le Front national est déjà majoritaire. Quand on pense que les 12% obtenus en 1983 à Dreux ont soulevé la tempête !
Quant au PCF, même scotché au « Front de gauche », il obtient un nombre de députés inférieur à ce qu’il avait obtenu…il y a 80 ans, en 1932. Jamais, de son histoire, le Parti communiste n’a été si peu représenté à la Chambre des députés ou à l’Assemblée nationale. Il ose pourtant se réjouir de la « victoire de la gauche » !
Ira-il jusqu’à quémander un strapontin dans le gouvernement socialiste ?
Le PS n’en a pas besoin. Mais sait-on jamais : les « sports » à Marie-Georges ?
Jean Lévy