1944 : PARIS LIBÉRÉ, la légitimité consacrée [3]
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Par Bertrand Renouvin
Le 24 août, la 2ème DB affronte les Allemands dans la banlieue sud, à la Croix-de-Berny, Bourg-la-Reine, Massy, Fresnes (1)… À 19 h 30, Leclerc, qui est à Antony, interpelle vivement le capitaine Dronne, qui commande la 9ème compagnie – la Nueve composée de républicains espagnols – du 3ème bataillon du régiment de marche du Tchad, et lui ordonne de filer droit vers Paris.
El Capitan et le lieutenant Amado Granell (2), qui commandait une division d’infanterie sur l’Ebre en 1938, emmènent deux sections de la Nueve, trois chars et une section du génie qui pénètrent dans la capitale par des voies détournées. Dronne et Granell sont à 20 h 45 place d’Italie et c’est le lieutenant espagnol, suivi d’une vingtaine d’hommes, qui arrive à l’Hôtel de Ville une heure plus tard, peu avant le Capitan. Tous deux sont immédiatement reçus à l’Hôtel de Ville par le CNR, puis à la préfecture. Le lendemain à l’aube, le général Leclerc donne l’ordre d’investir Paris et les troupes américaines entament leur mouvement vers l’Est parisien. Tandis que la 2eme DB et les FFI affrontent les Allemands, Leclerc établit son PC à la gare Montparnasse à 9 h 30 et se rend à la préfecture de police à 13 heures.
Dès la reddition du général von Choltitz, à 15 heures, la stratégie politique prend le pas sur les préoccupations militaires, malgré de sérieux points de résistance au Sénat et place de la République. Le général Leclerc manœuvre habilement pour éviter que les généraux Gerow et Burton, qui sont gare Montparnasse, puissent être en contact avec von Choltitz et recevoir officiellement sa reddition. Le commandant allemand est conduit à la Préfecture où se trouvent Leclerc, Chaban-Delmas, Kriegel-Valrimont (Comité d’action militaire), Rol-Tanguy et d’autres officiers. La convention de reddition est rédigée sur un papier à en-tête du Gouvernement provisoire et ne fait aucune mention des alliés de la France. Malgré l’insistance de Chaban-Delmas, Leclerc refuse que Rol-Tanguy signe le document, estimant qu’il représente le chef régional des FFI en tant que commandant des forces françaises de Paris. Cependant, lorsque le texte est modifié et à nouveau signé à la gare Montparnasse, Leclerc décide que Rol-Tanguy peut apposer sa signature. A son arrivée à la gare Montparnasse, le chef du Gouvernement provisoire félicite Leclerc et Chaban-Delmas et semble avoir manifesté son étonnement ou sa réprobation au vu de la signature de Rol-Tanguy. L’attitude du Général a suscité de nombreuses controverses, que Jean-François Muracciole expose en détail et qu’il réduit à peu de choses. Le président du Gouvernement provisoire aurait préféré qu’un chef de partisans ne signe pas le document mais son principal souci, dans l’après-midi du 25 août, c’est l’attitude du CNR.
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Paris libéré, la légitimité consacrée - Chronique 218 - Le blog de Bertrand Renouvin
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