À propos des visées de TRUMP sur le canal de PANAMA et le GROENLAND : l'analyse d'Éric Denécé
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Éric DENÉCÉ, spécialiste du renseignement et d'intelligence économique, Directeur du CF2R (Centre français de recherche sur le renseignement)
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Le 14 janvier 2025 :
Congrès des États-Unis : les républicains élaborent un projet de loi pour permettre l'achat du Groenland
Les républicains ont dévoilé un projet de loi visant à permettre au président élu Donald Trump d’entamer des négociations pour acquérir le Groenland auprès du Danemark. Baptisée «Make Greenland Great Again Act», cette initiative suscite des réactions variées, notamment de la part des dirigeants du Groenland et du Danemark.
Le 13 janvier, les Républicains de la Chambre des représentants des États-Unis, dirigés par Andy Ogles (Tennessee), ont dévoilé un projet de loi intitulé «Make Greenland Great Again Act», selon Fox News Digital qui a obtenu une copie du texte.
Ce texte autoriserait le président Donald Trump à ouvrir des négociations avec le Danemark dès sa prise de fonction, le 20 janvier. Comme le soulignent les extraits rapportés de ce texte législatif, le président américain devra soumettre tout accord finalisé au Congrès dans un délai de cinq jours ouvrables.
Des motivations géopolitiques et économiques
Situé entre les océans Arctique et Atlantique, le Groenland serait stratégique pour la sécurité nationale des États-Unis, selon Andy Ogles. «Le Groenland est essentiel à notre sécurité et à notre avenir économique», a-t-il déclaré à Fox News Digital. L’île est riche en ressources naturelles telles que l’or, l’argent et le pétrole, et accueille déjà une base militaire américaine.
Donald Trump avait déclaré à Mar-a-Lago le 7 janvier que «les intérêts économiques et sécuritaires américains ne seront plus relégués au second plan», évoquant également la possibilité d’exercer des pressions militaires ou économiques pour obtenir le territoire.
Réactions locales et internationales
Du côté groenlandais, le Premier ministre Mute Egede a rappelé le 12 janvier, lors d’une conférence à Nuuk, que le Groenland n’était pas à vendre, tout en ajoutant: «Nous sommes prêts à discuter». Selon le média groenlandais Sermitsiaq, Egede a souligné l’importance de la souveraineté de son peuple : «Nous ne voulons être ni danois ni américains. L’avenir du Groenland doit être décidé par ses citoyens».
De son côté, le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, a déclaré qu’il privilégiait un dialogue constructif avec Washington. Selon l’agence Anadolu, le Danemark ne souhaite pas «entrer en conflit» avec les États-Unis et se dit ouvert à discuter d’une coopération militaire accrue dans l’Arctique.
Un sondage réalisé par le cabinet américain Patriot Polling début janvier révèle que 57% des Groenlandais seraient favorables à la proposition américaine. Ce sondage, réalisé auprès de 416 habitants, coïncide avec la visite de Donald Trump Jr. sur l’île, décrite comme une «excursion personnelle».
Un contexte politique complexe
Historiquement, le Groenland est sous contrôle danois depuis le XIXᵉ siècle. En 1979, l’île a obtenu une autonomie partielle, renforcée en 2009 avec la possibilité d’organiser un référendum sur l’indépendance. Selon Egede, ce vote est «inéluctable».
La proposition républicaine s’inscrit dans une série d’initiatives similaires, à l'instar du projet de loi porté par le représentant républicain Dusty Johnson (Dakota du Sud) autorisant des négociations pour acheter le canal de Panama.
SOURCE : Presse internationale
Le 14 janvier 2025 :
Le Groenland rejette les velléités américaines et affirme son ambition d’indépendance
Lors d’une conférence de presse à Copenhague, le Premier ministre groenlandais, Mute Egede, a réaffirmé que l’île appartenait à ses habitants et qu’elle poursuivait son chemin vers une indépendance totale vis-à-vis du Danemark. «Nous ne voulons pas être Danois, nous ne voulons pas être Américains», a-t-il assuré.
Mute Egede, Premier ministre du Groenland, a fermement déclaré que son territoire ne serait ni américain ni danois. «Le Groenland appartient au peuple groenlandais. Nous ne voulons pas être Danois, nous ne voulons pas être Américains», a-t-il affirmé le 10 janvier lors d’une conférence de presse conjointe avec la Première ministre danoise, Mette Frederiksen.
Ces propos font suite aux multiples déclarations du président élu américain Donald Trump, qui a récemment ravivé son projet d’acquérir l’île arctique.
Une étude réalisée en 2019 par les professeurs Minik Rosing et David Dreyer Lassen de l’université de Copenhague avait révélé que 67,7% des Groenlandais soutiennent l’idée d’une indépendance vis-à-vis du Danemark à long terme, malgré les mises en garde des politiciens danois sur les difficultés économiques qu’elle pourrait engendrer. De plus, 32,4 % de la population estimait que l’indépendance profiterait à l’économie locale.
Plus de 57% des Groenlandais favorables, selon un sondage américain
Toutefois, un sondage plus récent, conduit par Patriot Polling entre le 6 et le 11 janvier 2025, montre une dynamique différente. Étude au cours de laquelle 57,3% des sondés, résidents groenlandais, ont déclaré être favorables à l’acquisition de leur territoire par les États-Unis. Une enquête menée au moment même où le fils ainé du président élu, Donald Trump Jr., se rendait sur l’île. Patriot Polling a précisé qu’il s’agissait de son premier sondage hors des États-Unis.
En parallèle, une enquête réalisée en 2024 par des professeurs de l’université du Groenland souligne que 59% des Groenlandais soutiennent une coopération plus large avec les États-Unis, notamment dans les domaines économique et culturel. Cependant, seuls 18,8 % se disent favorables à des liens avec les États-Unis en matière de sécurité, contre 44% qui privilégient des relations plus étroites avec l’OTAN.
L’idée a suscité diverses réactions. Le milliardaire Elon Musk a lui exprimé son soutien à une éventuelle intégration du Groenland aux seins des États-Unis, déclarant le 12 janvier sur X: «Si les habitants du Groenland veulent faire partie de l’Amérique, ce que j’espère, ils seront les bienvenus !»
Un projet d’indépendance en cours
Pour Mute Egede, la question de l’indépendance reste une priorité. «Nous avons un désir d’indépendance, un désir d’être maître de notre propre maison», a-t-il déclaré. Egede a ajouté que cette aspiration est partagée par tous les Groenlandais et que le territoire se dirigerait progressivement vers un référendum sur son indépendance totale.
Cependant, le Premier ministre a maintenu une ouverture au dialogue avec les États-Unis, tout en qualifiant les menaces de Donald Trump de «sérieuses». «La coopération se fonde sur le dialogue», a-t-il rappelé lors de la conférence de presse, reprenant une position diplomatique face à des enjeux géopolitiques majeurs.
Un enjeu stratégique et économique
Le Groenland, territoire autonome depuis 1979, dispose d’un sous-sol riche en terres rares, indispensables aux technologies modernes, notamment les énergies vertes. Selon Le Figaro, l’île détient 43 des 50 terres rares utilisées pour les éoliennes et les voitures électriques. Son importance stratégique est également soulignée par sa situation dans l’Arctique, un espace convoité avec l’ouverture de nouvelles routes maritimes due au réchauffement climatique.
Les États-Unis y possèdent déjà une base militaire à Thulé, au nord de l’île, utilisée pour des opérations de défense de l’OTAN. Selon Axios, pour apaiser les tensions, le Danemark aurait proposé à l’administration Trump d’augmenter la présence militaire américaine sur l’île. Toutefois, Mette Frederiksen a réitéré que le Groenland «n’était pas à vendre», tout en soulignant l’importance de «préserver de bonnes relations avec Washington».
SOURCE : Presse internationale
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Le 10 janvier 2025 :
États-Unis : les députés républicains présentent un projet de loi pour la reprise du canal de Panama
Face aux inquiétudes exprimées par Donald Trump concernant la présence chinoise au canal de Panama, les Républicains de la Chambre des représentants ont présenté un projet de loi visant à réacquérir cette voie stratégique. Une initiative qui suscite débats et critiques.
Les Républicains de la Chambre des représentants ont dévoilé jeudi 9 janvier 2025 un projet de loi baptisé «Loi sur le rachat du canal de Panama». Porté par le représentant Dusty Johnson, ce texte autoriserait le président américain, en coordination avec le secrétaire d’État, à engager des négociations avec le gouvernement panaméen afin de reprendre le contrôle de ce passage maritime essentiel.
Selon le communiqué de Dusty Johnson, cette démarche reflète une préoccupation majeure : «le président Trump a raison d’envisager le rachat du canal de Panama. L’intérêt et la présence de la Chine autour du canal sont une source d’inquiétude. Posséder et exploiter cette voie pourrait être une étape clé vers une Amérique plus forte et un monde plus sûr.»
Une stratégie impulsée par Donald Trump
Ce projet de loi fait suite aux multiples et récentes déclarations de Donald Trump ces dernières semaines. Cité par Fox News ce 9 janvier, le président américain élu aurait affirmé : «le canal de Panama est vital pour notre pays. Il est actuellement exploité par la Chine. Nous ne l’avons pas donné à la Chine, mais au Panama, et cela n’aurait jamais dû arriver.»
Donald Trump avait également évoqué la possibilité de recourir à des moyens économiques ou militaires pour reprendre le contrôle du canal. Une déclaration qui, selon Axios, s’inscrit dans une stratégie d’expansionnisme américain visant à renforcer la position géopolitique des États-Unis face à la Chine.
Réaction au Panama
Cette initiative rencontre toutefois des résistances. Le président panaméen José Raul Mulino a catégoriquement rejeté l’idée d’une cession : «chaque mètre carré du canal de Panama appartient au Panama», avait-il affirmé en décembre.
Du côté des démocrates, les critiques ne manquent pas. Le chef de la minorité parlementaire, Hakeem Jeffries, cité par le Washington Examiner le 8 janvier, a dénoncé une démarche qu’il juge irresponsable : «Nous n’avons pas été élus pour envahir le Groenland, rebaptiser le golfe du Mexique ou saisir le canal de Panama.»
Un projet controversé mais soutenu par une partie des Républicains
Malgré ces critiques, le projet de loi de Dusty Johnson bénéficie du soutien de 15 autres coparrains républicains, dont des figures influentes comme Dan Crenshaw (Texas) et Mike Collins (Géorgie). Toutefois, certains membres du parti restent sceptiques face aux ambitions de Trump. Roger Wicker (Mississipi), président de la commission des forces armées du Sénat, a déclaré : «je pense qu’il parlait de manière un peu trop ambitieuse».
Enjeux stratégiques et économiques
Le canal de Panama, construit par les États-Unis en 1914 puis restitué au Panama en 1999, demeure un point névralgique du commerce maritime mondial. Selon le Département d’État américain, près de 72% des navires qui empruntent cette voie navigable sont liés à des ports américains.
Par ailleurs, les navires militaires américains, notamment ceux des garde-côtes, dépendent de cet accès. Le représentant Johnson a souligné que sans ce passage, les navires seraient contraints de parcourir 8 000 miles supplémentaires autour de l’Amérique du Sud, une perte de temps et de ressources considérable.
SOURCE : Presse internationale
Le 10 janvier 2025 :
L'équipe de Trump aurait soudoyé des sans-abris du Groenland avec de la nourriture pour enregistrer une vidéo
Donald Trump, président élu des États-Unis, a publié sur Internet une vidéo montrant des «Groenlandais» répondant par l'affirmative à la question de l'achat de l'île par Washington. La télévision danoise, en retour, a déclaré que l'équipe de Trump avait fait appel à des sans-abris, en les soudoyant avec de la nourriture gratuite.
L'équipe du président élu américain Donald Trump a soudoyé des sans-abris et des personnes vulnérables au Groenland lors d'une visite de son fils Donald Trump Jr. pour qu'ils apportent leur soutien, dans une vidéo, à l'idée de l'achat de l'île par les États-Unis, a rapporté la télévision danoise DR, citant des sources.
«Une partie des gens figurant sur la vidéo diffusée par des partisans de Trump [...] sont des sans-abris et des personnes défavorisées qui se rassemblent souvent devant le supermarché Brugseni à Nuuk. [...] Plusieurs employés de Brugseni confirment que des professionnels en relation publique de Trump Jr. étaient dehors devant le magasin, distribuant des casquettes portant l’inscription Make America Great Again et invitant [ces personnes] à un déjeuner gratuit à l’hôtel Hans Egede», ont indiqué les médias danois.
Ce vendredi 10 janvier, le président élu américain a publié sur Truth Social une vidéo de «Groenlandais» répondant par l'affirmative lorsqu'on leur demande s'ils veulent que les États-Unis achètent le Groenland. L'une des personnes figurant dans la vidéo exprime l'espoir que l'éducation et les soins de santé locaux s'amélioreront si Washington acquiert l'île.
Le 7 janvier, Donald Trump Jr. a atterri au Groenland, quelques heures après que son père a réitéré sa volonté de prendre le contrôle de l'île arctique. Donald Trump Jr. a assuré qu'il ne se rendait pas au Groenland pour l'acheter, qualifiant sa visite de touristique.
Donald Trump avait déclaré aux journalistes en décembre dernier dans sa résidence de Mar-a-Lago que le Groenland était absolument nécessaire pour les États-Unis : «Il y a environ 45 000 personnes là-bas. Les gens ne savent même pas si le Danemark a des droits légaux sur le Groenland, mais si c'est le cas, le Danemark devrait y renoncer parce que nous avons besoin du Groenland pour notre sécurité nationale». Il a également menacé d'imposer des tarifs au Danemark si ce dernier empêchait le Groenland de devenir indépendant ou de rejoindre les États-Unis. Dans le même temps, le Premier ministre de l'île, Muthe Egede, s’est également prononcé contre cette évolution potentielle : «Le Groenland nous appartient. Nous ne sommes pas à vendre et ne le serons jamais». Egede est par ailleurs un partisan de l'indépendance de l'île par rapport au Danemark.
Le Groenland est une ancienne colonie danoise devenu territoire autonome du Royaume du Danemark, qui continue de contrôler sa politique étrangère et de sécurité. Avec ses 2,166 millions de kilomètres carrés, c'est la plus grande île du monde, dont près de 80% du territoire est recouvert de glace. Elle est située au nord-est de l'Amérique du Nord. L'île compte un peu plus de 50 000 habitants, pour la plupart des Inuits (Eskimos).
SOURCE : Presse internationale