FRAPPE UKRAINIENNE de l’aviation stratégique de RUSSIE : les conséquences pour le monde
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Par Oleg NESTERENKO
Ce dimanche, le 1er juin 2025, l’Ukraine a réalisé une frappe massive sur des aérodromes militaires stratégiques. Quatre aérodromes ont été visés avec succès : celui de « Diaghilevo », de « Olenya », de « Ivanovo » et de « Belaya », ce qui constitue la plus importante attaque de l'infrastructure militaire russe dans les profondeurs du territoire national depuis le déclenchement de la phase active des hostilités russo-ukraino-otaniennes, le 20 février 2022.
L’attaque a été réalisée par des drones FPV transportés dans des camions, sans que les conducteurs soient mis au courant - de même que cela a été fait avec l’attaque terroriste du pont de Crimée, le 17 juillet 2023, dans laquelle le conducteur du camion est mort dans l’explosion, sans savoir ce qu’il a transporté.
La responsabilité de l’action a été immédiatement revendiquée par le service secret ukrainien SBU, qui l’a appelé l’opération « La toile d’araignée ». Selon le communiqué de presse du SBU, les dommages causés à la Russie consistent en la destruction de 41 appareils au sol, en partie des bombardiers stratégiques.
La « Triade nucléaire »
Un bombardier stratégique est un avion de combat d’une portée intercontinentale (plus de 5000 km) conçu pour le port et le lancement d’armes nucléaires (bombes aériennes, missiles de croisière et missiles balistiques), destinés à détruire les objectifs stratégiques situés sur le territoire ennemi.
Au sein des forces armées de la Fédération de Russie, les bombardiers stratégiques font partie dit de la « Triade nucléaire » qui désigne les forces armées stratégiques comprenant trois composantes : l’aviation stratégique ; les régiments des missiles stratégiques balistiques intercontinentaux et la flotte des porte-missiles sous-marins nucléaires stratégiques.
L’importance de l’existence de la Triade nucléaire consiste dans le partage des ogives nucléaires stratégiques entre trois types des forces armées stratégiques qui rend impossible la destruction de l’ensemble de l’arsenal nucléaire du pays en cas d’attaque surprise de l’ennemi, offre une plus grande souplesse dans l’utilisation de ces armes et garantit la destruction imminente de l’ennemi dans le cadre des frappes de riposte.
Le traité Start-II/SNV-III
Les conséquences négatives pour Moscou de l’attaque de l’infrastructure militaire stratégique de la Russie vis-à-vis de la campagne militaire menée en Ukraine sont proches de zéro absolu. Cela étant, les conséquences de l’action vis-à-vis de la sécurité nucléaire mondiale sont d’une portée stratégique et ne doivent pas être sous-estimées.
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Frappe ukrainienne de l'aviation stratégique de Russie : les conséquences pour le monde
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« Ce qui est clair, c'est que l'attaque contre la Russie était une attaque contre ses forces de dissuasion nucléaire. La Russie reste signataire du traité New START qui impose notamment une visibilité sur les moyens de projection nucléaire et donc la visibilité des bombardiers et appareils susceptibles de porter des frappes atomiques. C'est le respect de ce traité qui a exposé les avions russes à l'attaque otano-kievienne. Le traité New START (New Strategic Arms Reduction Treaty) est un accord bilatéral entre les États-Unis et la Russie, signé le 8 avril 2010 à Prague et entré en vigueur le 5 février 2011. Il a été prolongé en 2021 jusqu'au 4 février 2026. Le traité permet aux deux parties (États-Unis et Russie) de surveiller les forces stratégiques de l'autre. Pour faciliter cette surveillance, les armes stratégiques, y compris les bombardiers lourds, doivent être stationnées dans des bases désignées et être visibles pour les satellites. Cela permet à chaque partie de confirmer le nombre, l'emplacement et le statut des armes (par exemple, si un bombardier est équipé d'armes nucléaires ou s'il a été converti pour un usage conventionnel). La Russie a suspendu sa participation active au traité New START en février 2023, notamment sur la question des inspections, mais a conservé son respect des règles de visibilité réciproques.
Les néoconservateurs qui dirigent l'UE et l'OTAN ont donc exploité une faille créée par ce traité conçu pour maintenir l'équilibre de la dissuasion nucléaire. L'effet est limité (on est loin d'un Pearl Harbor russe), mais ses implications sont importantes.
La nouvelle doctrine nucléaire russe, officialisée par un décret signé par Vladimir Poutine en novembre 2024, élargit les conditions dans lesquelles la Russie pourrait envisager une réponse nucléaire. Selon cette doctrine, une attaque directe contre les infrastructures de dissuasion nucléaire, comme les bases de sous-marins nucléaires, les aérodromes abritant des bombardiers stratégiques ou les installations de missiles balistiques, pourrait être considérée comme une menace à la souveraineté de l'État, justifiant potentiellement une réplique nucléaire.
Une fois encore, les néoconservateurs font le pari que la Russie ne répondra pas à la hauteur de la menace et, mettant une fois de plus en balance ses impératifs de survie et sa responsabilité devant le monde, acceptera de subir un nouvel affront pour ne pas risquer de déclencher une guerre atomique mondiale. Tant que Vladimir Poutine est à la tête de la Russie, cette sagesse peut s'imposer. La réponse devrait donc être symboliquement forte, mais heureusement mesurée.
Un jour, le monde reconnaîtra ce qu'il doit à Vladimir Poutine. »
Laurent Ozon