Cheminots : la CGT prend ses responsabilités !
En suspendant le mouvement de grève, les cheminots ont décidé de garder intact le rapport de forces qu’ils ont crée et mis sous surveillance les négociations qui ont commencé depuis le 21 novembre.
Cette mobilisation, qui a eu comme point central la réforme des régimes spéciaux, a aussi porté sur l’avenir du fret SNCF, le développement de l’emploi et de l’augmentation du pouvoir d’achat.
Face à l’ensemble de ces questions essentielles pour la vie des cheminotes et cheminots la fédération, depuis des mois, a développé une stratégie revendicative pour contrecarrer les volontés du Gouvernement, et de la Direction, de remise en cause de nos acquis.
Cette stratégie CGT reposait sur :
-gagner un rapport de forces de haut niveau dans l’entreprise ;
-travailler sans relâche à l’unité syndicale pour aider et renforcer la mobilisation ;
-élargir l’action en convergence avec les autres entreprises impactées par la réforme des régimes spéciaux ;
-informer l’opinion publique sur les enjeux de la période.
Celle-ci a porté ses fruits. La tentative du Gouvernement d’isoler les cheminots et de passer en force avec la parution de décrets a échoué.
Gouvernement et Direction ont été contraints de s’asseoir en réunions tripartites à la table des négociations. Des avancées non négligeables ont été obtenues. Pour autant, le compte n’y est pas. Des désaccords profonds subsistent sur le cadrage de la réforme et des revendications, propositions n’ont pas reçu de réponses positives. Il y a de nouveau nécessité à ce que les cheminots interviennent par l’action pour peser sur le contenu des négociations.
Durant toute cette dernière période, la CGT a toujours eu la volonté de préserver l’unité syndicale et n’a eu de cesse de proposer, à chaque étape de la mobilisation, le maintien de l’ensemble des points revendicatifs.
Réussir à préserver l’unité a été un véritable combat.
Entre la FGAAC qui a abdiqué dès le 18 octobre en acceptant la réforme, la CFDT qui ne voulait pas du mouvement de grève et s’en est sortie rapidement, FO et SUD qui voulaient mener un 3ème tour social, l’unité a depuis le 18 été réellement très fragile. Seule la volonté de la CGT et la détermination des cheminots a permis que celle-ci puisse exister et résister.
Aujourd’hui la donne a changé.
Alors que les cheminots, dans leur large majorité demandent que les organisations syndicales s’appuient sur le rapport de forces pour arracher le maximum d’avancées lors des négociations, les fédérations syndicales réunies sur proposition de la CGT en interfédérale le 05 décembre ont été dans l’incapacité de se mettre d’accord sur les initiatives revendicatives les mieux adaptées à peser sur les négociations même si dans un premier temps le principe d’un préavis de grève de 24h pour le 12 décembre a été acté par les Fédérations CGT, FO, CFTC, UNSA, CGC.
La nature reprend le dessus et les intérêts des cheminots passent après les intérêts de boutique !
Devant le refus de la Direction et du Gouvernement d’aller plus loin sur la satisfaction des revendications des cheminots, la CGT a proposé d’appeler ces dernières à une journée de grève pour peser sur les négociations à venir. C’est ce que demandent les cheminots dans leur large majorité.
Seule la CGC partage cette conception de peser sur les négociations pour engranger le maximum d’avancées pour les cheminots actifs et retraités.
L’UNSA après avoir donné son accord vient de se retirer.
SUD a déjà décidé depuis plusieurs jours de faire cavalier seul en déposant préavis sur préavis (0% de gréviste à leur appel du 05 décembre).
CFDT considère que la réforme est faite et qu’il n’y a plus grand-chose à négocier.
CFTC dont les militants ont arrêté la grève plusieurs jours avant le 22 novembre dépose, comprenne qui pourra, un préavis reconductible à compter du 17 décembre !
FO qui dans toutes les professions s’accommode de la réforme, veut chez les seuls cheminots, un préavis reconductible.
Comme à l’occasion de chaque dossier difficile à la SNCF, les grandes manœuvres ont commencé. La Fédération CGT des cheminots fidèle a ses principes et traditions guidées par la seule défense des intérêts des cheminots, ne laissera pas entraîner les cheminots dans l’impasse.
Exerçant nos responsabilités et conformément aux engagements pris avec les cheminots lors de la suspension de l’action de grève, nous entendons exercer une pression permanente sur les négociations.
Aujourd’hui, après quatre tables rondes des avancées intéressantes ont été obtenues. Elles touchent plus particulièrement la rémunération des actifs et des retraités.
Il en est ainsi d’un 10e échelon, des mesures de déblocage de fin de grille, de l’intégration de la gratification d’exploitation et de vacances dans le salaire liquidable, de l’intégration de la prime de travail dans la prime de fin d’année, l’augmentation des pensions par des mesures concernant les retraités et le relèvement de la pension de reversion de 50 à 54%.
A ce stade, nous avons transformé l’objectif gouvernemental «Travailler 5 ans de plus pour moins de pension » par « Travailler 2,5 ans de plus pour plus de pension » et réduit la perte de pension pour un départ à 50 ou 55 ans, empêcher la décote sur les minimum de pension…mais pour autant le compte n’y est pas :
-sur le maintien et l’amélioration de notre régime spécial et de ses droits ;
-sur une augmentation générale des salaires et pensions au titre de 2007 ;
-sur l’emploi à statut ;
-sur le fret.
La Direction et le Gouvernement ont fixé comme fin des négociations le 18 décembre 2007. Le choix de cette date n’est pas anodin :
-d’abord face à la complexité et l’ampleur des sujets à aborder, ils espèrent que les organisations syndicales seront moins efficaces dans leur travail ;
-ensuite la proximité des fêtes de fin d’année, est un vrai piège où ils espèrent que certaines organisations syndicales vont tomber.
Il est indispensable d’engager une nouvelle étape de mobilisation afin d’obtenir de nouvelles avancées dans le cadre d’un calendrier plus détendu.
La Fédération CGT des cheminots prend ses responsabilités et dépose un préavis de grève carrée couvrant la période du jeudi 13 décembre 2007 à 00 heure au vendredi 14 décembre 2007 à 8 heures.
Elle appelle les cheminots à peser par l’action de grève sur les négociations pour gagner de nouvelles avancées et la détente du calendrier des tables rondes.