INDUSTRIE : François RUFFIN réplique à Emmanuel Macron
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« Macron vend des illusions. La part de l’industrie dans la valeur ajoutée a baissé de 14,3% à 12,7% depuis sa prise de fonction. Et ça continuera si on ne se saisit pas des bons outils : retrouver un Etat stratège, penser notre industrie par filière, appliquer des protections commerciales. »
Cette interview a été réalisée par Marc Endeweld pour le journal La Tribune, et publiée sur leur site le 17 mai 2023. Elle est disponible ici.
Ces derniers jours, le président Emmanuel Macron multipliait les annonces sur l’industrie. Au sommet « Choose France », il a annoncé 13 milliards d’euros d’investissements. Que pensez-vous de cette offensive présidentielle ?
Je vois une conversion d’Emmanuel Macron. C’est peut-être même la conversion de toute une classe. Pourquoi l’industrie française est partie depuis quarante ans ? Parce que nos élites ont décidé que les usines, c’était passé, dépassé, que ça polluait, qu’il fallait se tourner vers les services, les banques et les assurances, qu’on pouvait juste garder, éventuellement, l’aéronautique et le luxe.
Emmanuel Macron reste quand même l’homme de la « start up nation », qui comme ministre à Bercy, a bradé notre fleuron Alstom aux Américains, Tecnip aux Texans, Alcatel à Nokia, avec au final 1800 emplois en moins malgré les engagements… Alors, si conversion d’Emmanuel Macron, et de nos élites, il y a, tant mieux.
Maintenant, il faut que ça parte d’un bon diagnostic, sinon on n’aura pas les bons remèdes. Quel est le diagnostic ? Nous avons subi une double emprise. Par un dumping sur le travail à l’est, via la Chine et les élargissements européens, avec une main d’œuvre moins chère, une faible fiscalité, des normes environnementales moindres. Et par une prédation du capital à l’ouest, avec les fonds de pension anglo-saxons qui ont pillé les plus beaux morceaux de notre industrie nationale. Depuis quarante ans, dans mon coin, on a déshabillé notre industrie dans une grande indifférence. Macron dit qu’il a « cessé d’être naïf », mais les gens de mon coin, les ouvriers, ont payé un prix cher à sa prétendue « naïveté ». Et eux ne l’étaient pas « naïfs ».
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